Mort du dessinateur américain Ed Piskor sur fond d’accusations d’agressions sexuelles

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L’auteur de Hip-Hop Family Tree s’est vraisemblablement donné la mort après avoir publié une longue lettre clamant son innocence.

L’auteur de bande dessinée Ed Piskor est décédé lundi 1 er avril, a annoncé sa famille. Âgé de 41 ans, il était notamment connu pour sa série Hip-Hop Family Trees, retraçant l’histoire du mouvement musical, et pour avoir animé l’émission Cartoonist Kayfabe sur YouTube. Si les causes du décès n’ont pas été dévoilées, une longue lettre publiée sur les réseaux sociaux évoque ses intentions suicidaires. Il était accusé, depuis quelques semaines, de comportement sexuel inapproprié et au cœur d’une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux.

«C’est avec le cœur brisé que je vous annonce que mon grand frère, Ed, est décédé aujourd’hui, a écrit sa sœur Justine sur Facebook, lundi. S’il vous plaît, gardez notre famille dans vos prières car c’est la chose la plus difficile que nous ayons jamais eue à traverser.»

Le 24 mars, l’artiste Molly Dwyer, 21 ans, a accusé Ed Piskor de lui avoir fait des avances alors qu’elle était âgée de 17 ans, publiant pour appuyer ses propos des captures d’écran de textos échangés en 2020. Peu de temps après, une autre femme, Molly Wright, a accusé Ed Piskor de lui avoir imposé une fellation en échange du numéro de téléphone de son agent.

À la suite de ces accusations, une exposition des œuvres d’Ed Piskor, qui devait débuter en avril à Pittsburgh, a été annulée. Dans la foulée, Jim Rugg, co-animateur de Cartoonist Kayfabe, a mis fin à sa collaboration avec le dessinateur.

«Jeu dangereux avec la vie des gens»

«Je suis impuissant face à une foule de cette ampleur. S’il vous plaît partagez ma version des choses», a écrit Ed Piskor dans sa lettre d’adieu en assurant de son innocence. Il explique que les messages échangés avec Molly Dwyer, divulgués en ligne, sont sortis de leur contexte. Tout en niant les avances, il reconnaît avoir été «stupide» de continuer à communiquer avec la jeune fille après avoir découvert son âge. Un comportement qu’il attribue à la solitude du confinement. Quant aux accusations de Molly Wright, Ed Piskor les nie catégoriquement et parle de relations sexuelles consenties. Qualifiant la charge de «presque criminelle», il va jusqu’à soumettre l’idée à sa famille de porter plainte contre elle.

Dans sa longue missive, l’auteur s’adresse aux internautes, les blâmant de «jouer un jeu dangereux avec la vie des gens». «J’ai été assassiné par des harceleurs sur Internet, a-t-il estimé. Certains d’entre eux ont absolument contribué à ma mort en se divertissant avec des potins. Je n’étais pas une intelligence artificielle, mais un véritable être humain. Je pourrais peut-être vous hanter, idiots, comme un fantôme.» Ed Piskor ajoute qu’il espére que sa mort « inciterait les gens à réfléchir à deux fois avant de lyncher une personne sur Internet.»

Le geste du dessinateur a provoqué de nombreuses réactions dans le monde de la bande dessinée. « Quelles que soient les erreurs qu’il a commises, les gens en font. Les gens font des fautes. Ce que nous devons faire c’est pardonner aux gens, et non les juger», a expliqué dans une vidéo sur Instagram Rob Liefeld (co-créateur du personnage Deadpool).

Parmi les autres auteurs qui ont exprimé leurs condoléances figuraient des créateurs de bandes dessinées notables tels que Mark Millar, Bill Sienkiewicz, Klaus Janson, J.H. Williams III, J. Scott Campbell et Patch Zircher.

Né en 1982 en Pennsylvanie, Ed Piskor s’est fait connaître par sa série consacrée à l’histoire du rap, réalisée entre 2012 et 2016, avant d’être engagé en 2017, par Marvel Comics pour illustrer une série de trois albums de X-Men: Grand Design, où il réécrit les trois premières décennies de l’histoire des mutants. En 2022, les éditions delcourt publient le premier tome de Red Room, une série sanglante conçue «comme une provocation, un thriller gore, une débauche de barbarie issue du Dark Web Interdit de diffusion dans 5 pays, l’auteur tient toutes ses promesses et bien pire encore», résume l’éditeur.

Source du contenu: www.lefigaro.fr

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