Alexandra Latour, styliste de broderie et créatrice de la Veste en jean. Avec sa jeune marque française, elle revisite une pièce iconique de nos vestiaires : la veste en jean. Pour cela, Alexandra Latour récupère d’anciens pantalons en denim, les découpent et les recomposent en fonction de la trame du textile et de ses couleurs. Ses créations de veste sont uniques, réinterprétées et sublimées grâce à la broderie, des collections originales tout en faisant du bien à la planète.
« Il n’y a pas de limite en broderie, c’est juste impressionnant. Nous pouvons tout nous permettre, tout peut se broder à partir du moment où nous pouvons fixer la matière, nous arrivons à broder. Nous pouvons broder de la nacre, des perles, des paillettes, toutes sortes de choses. Nous pouvons. Il n’y a pas de limites », raconte Alexandra Latour, styliste de broderie et créatrice de la Veste en jean.
« J’ai beaucoup aimé la petite robe noire et je me suis dit : “la veste en jean”, tout simplement. » Alexandra Latour commence son parcours en architecture d’intérieur, en scénographie après avoir étudié à l’école Boulle à Paris, une école en arts appliqués. Après sa licence d’arts plastiques, elle exerce dans un bureau de style pendant deux ans. À 25 ans, elle se met à son compte et monte son atelier de broderie. Elle travaille en dessin et techniques de broderie pour la maison Lesage et d’autres maisons de haute couture. Et en 2020, elle lance sa marque la Veste en jean. Alexandra Latour est à la fois artiste, artisan d’art et entrepreneuse. Son atelier de broderie et sa marque la veste en jean grandissent ensemble.
« Cela faisait plusieurs années que je me disais “j’aimerais bien créer une marque”, parce que vendre de la broderie à une clientèle de proximité, ce n’était pas possible par des échantillons. Nous travaillons plus pour de la haute couture, du prêt-à-porter et je trouvais cela intéressant de développer une marque. Cela nous permettait de broder. Quel textile utiliser ? Une matière qui est polluante à sa fabrication : le jean. »
« Je suis passionnée par le jean »
« Je suis passionnée par le jean donc, du coup, je trouvais évident de créer une marque qui soit écoresponsable. À défaut d’utiliser des rouleaux, autant récupérer des jeans qui étaient destinés à être jetés et de les ennoblir par la broderie. Donc, nous utilisons un savoir-faire pour ennoblir notre matière principale. »
Alexandra Latour récupère des jeans usagés pour leur donner une seconde vie et les transformer en vestes uniques et brodés. Des partenariats lui permettent d’avoir une démarche écoresponsable. « Emmaüs à Trappes nous suit depuis maintenant trois ans. Ils nous vendent les jeans au poids. Nous venons sourcer la matière en amont, c’est-à-dire ils nous font une présélection de ce qu’ils vont mettre en vente, par exemple les jeans qui ne peuvent pas être vendus, qui sont troués. Nous sélectionnons la matière pour qu’elle soit 100% coton sans élasthanne et nous l’achetons au poids. Ce sourcing de matières, je ne dirais pas tout le temps, mais par moment, c’est problématique. C’est-à-dire que si nous avions plus d’Emmaüs qui pourraient nous suivre et si nous avions un espace de stockage plus important, ce problème n’existerait pas. »
« Notre problématique, pour le moment, c’est un espace qui est trop restreint pour à la fois travailler et stocker, toutes ces matières. Il y en a à profusion. Mais il faut avoir tout le process : sélectionner, nettoyer les jeans et après les stocker. Pour le moment, c’est plus la deuxième étape qui est problématique. Récupérer les matières, non, ce n’est pas du tout problématique. Et cela pourrait se faire à plus grande échelle. »
Le jean est une matière abondante et permet de broder les pièces reconstituées sur la base de pantalons en denim recyclés. Après la matière, il y a le choix de la thématique, des teintes du denim et le dessin avant de passe à la réalisation de la veste.
« Parfois, il y a des teintures particulières. Le denim a une multitude de teintes qui est assez impressionnante, des dégradés de bleu, des bleus qui sont plus rouges, des bleus qui sont plus verts ou plus grisonnants. Pour la collection, je pars toujours d’un dessin, mais parfois, je sors certains dessins sur d’autres périodes de collections pour un défilé. Je reste sur une thématique. La dernière fois, nous avons collaboré avec des artistes. Nous avons fait une veste étoile qui est assez exubérante, je dirais assez atypique. Nous avions ce qu’il fallait en matière. »
« Nous commençons à sourcer aussi des matières de cuir, des chutes de cuir avec des personnes qui travaillent dans l’ameublement, il y a des chutes assez intéressantes. Nous associons aussi le jeans et le cuir. Il y a toujours un croquis à la base, c’est quand même de l’artisanat d’art puisque nous brodons. La broderie, c’est énormément de temps. Nous ne pouvons pas nous permettre de partir à l’aveugle. »
Alexandra Latour a créé un atelier de broderie et une marque avec l’objectif de réduire, le plus possible, son impact sur l’environnement. « Pendant les périodes de collection, il y a énormément de réalisations qui sont faites à l’étranger. L’idée, c’était de créer un nouvel atelier qui soit à proximité des maisons de couture. Et quand j’ai créé la veste en jean, c’était avec l’idée de résoudre un soupçon de problème sur cette thématique de denim qui est très polluant à sa fabrication. C’était d’apporter une technique, un savoir-faire à proximité. C’est de pouvoir travailler en circuits courts, de réutiliser une matière qui était initialement vouée à être un déchet. »
« Les personnes qui m’accompagnent au sein de l’atelier sont soit formées en couture ou en broderie, parfois les deux. Nous sommes une équipe de quatre personnes. C’est aussi des valeurs que j’essaye de leur transmettre : montrer que c’est possible de travailler avec justement d’autres matières que de dérouler un simple rouleau sur une table pour pouvoir broder. »
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