Les dessous de l’infox, la chronique – JO 2024: le dispositif de sécurité à l’épreuve des fausses informations

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À quelques heures de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, un important périmètre de sécurité est en place autour de la Seine. Au total, plus de 45 000 policiers et gendarmes, et 18 000 soldats sont déployés dans la capitale pour sécuriser l’événement. L’espace aérien sera complètement fermé dans un rayon de 150 km autour de Paris. Un dispositif inédit, qui donne lieu à plusieurs fausses informations sur les réseaux sociaux.

Des chars de combat ont-ils été déployés dans les rues parisiennes pour sécuriser les Jeux olympiques ? C’est ce qu’affirment, à tort, plusieurs internautes sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Leur fausse information s’appuie sur une vidéo vue plus d’un million de fois, rien que sur X (ex-Twitter). On y voit plusieurs véhicules militaires blindés, défilant les uns derrière les autres, en pleine ville, sur une route pavée.

Attention, cette vidéo n’a rien à voir avec les Jeux olympiques.


Les comptes qui partagent ces images assurent que la scène se déroule à Paris et qu’elle montrerait le dispositif de sécurité mis en place pour sécuriser les Jeux. « Paris est en guerre », « On se croirait au Chili en 1973 à la suite du coup d’État », ou encore « Il y a une guerre ou les #JO2024 ? », commentent des internautes.


Exemples de commentaires fallacieux accompagnant la vidéo sortie de son contexte. © Captures d’écran X/ Montage RFI

Un défilé militaire à Marseille

En réalité, cette vidéo n’a pas été filmée à Paris. L’accent de l’homme qui filme et l’architecture des bâtiments visibles en arrière-plan montrent que la scène se déroule à Marseille. En utilisant des services de cartographie en ligne, comme Google Maps, on sait que la scène se déroule sur le Vieux-Port, au niveau du quai des Belges.

La scène a été filmée par un piéton, sur le Vieux-Port de Marseille au niveau du quai des Belges, le 14 juillet 2024.
La scène a été filmée par un piéton, sur le Vieux-Port de Marseille au niveau du quai des Belges, le 14 juillet 2024. © Captures d’écran/ Google Earth/ Montage RFI

De plus, ces images n’ont rien à voir avec le dispositif de sécurité des JO puisqu’elles ont été filmées lors du défilé de la fête nationale, le 14 juillet dernier, à Marseille. Parmi les engins militaires visibles figurent : deux engins de reconnaissance de type Jaguar, deux VAB, des véhicules de l’avant blindés et un bulldozer Caterpillar D6K.

Deux engins blindés de type Jaguar sont visibles.
Deux engins blindés de type Jaguar sont visibles. © Captures d’écran/ Armée de terre/ Montage RFI

Les Jaguars sont suivis de deux véhicules de l'avant blindés.
Les Jaguars sont suivis de deux véhicules de l’avant blindés. © Captures d’écran/ Armée de terre/ Montage RFI

Le dernier engin filmé est un bulldozer blindé.
Le dernier engin filmé est un bulldozer blindé. © Captures d’écran/ Armée de terre/ Montage RFI

En consultant les images de l’événement publiées par les différentes unités de l’armée de terre, on sait même que ces véhicules appartiennent au 1ᵉʳ régiment étranger de cavalerie, basé à Carpiagne dans le sud de la France.


Ces véhicules militaires ne vont pas être déployés pour sécuriser les Jeux. Ils sont destinés à des missions de combat en terrain de guerre et non à des missions de maintien de l’ordre. Les Jaguars et les véhicules de l’avant blindés, visibles dans la vidéo, n’ont d’ailleurs jamais été déployés dans le cadre de Sentinelle, l’opération antiterroriste menée sur le sol français depuis 2015.

Les JO ciblés par la désinformation

Derrière cette infox, on retrouve tout un écosystème de comptes X et Telegram déjà largement identifiés comme des vecteurs de désinformation. Après la pandémie de covid-19, l’invasion de l’Ukraine, et la guerre entre Israël et le Hamas, leur fonds de commerce, consiste désormais à critiquer l’organisation des JO.

Certains de ces comptes ont relayé la vidéo du cambriolage de la voiture de l’athlète australien, Logan Martin, pour dénoncer l’insécurité dans Paris. En réalité pourtant, l’incident a eu lieu à Bruxelles, en Belgique. Une infox vue plus de 8 millions de fois, reprise quelques heures plus tard par des comptes d’extrême droite et par des chaînes Telegram russophones, toujours dans le but de s’attaquer à l’image de la France et des Jeux de Paris.


 

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Source du contenu: www.rfi.fr

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