Reportage France – Fascines, noues, haies… ces solutions naturelles ancestrales pour mieux affronter les inondations

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Après la tempête Boris qui a secoué l’Europe centrale le week-end dernier, l’heure est au bilan. Il faudra reconstruire de vastes zones. S’il est difficile de s’adapter à un évènement météo de cette ampleur, il est possible de se préparer à des inondations de moindre ampleur grâce à des solutions efficaces : digues, barrages, retenues d’eau et autres constructions. Mais également des solutions plus naturelles, souvent sous-estimées et pourtant bien moins chères.

À chaque gros orage et chaque grosse intempérie, c’était toujours la même chose pour cette petite bourgade de l’Oise, en France, se souvient Olivier Pialat. La pluie entraînait la terre des champs et la boue envahissait les quelques maisons du hameau de la Bordé, situé en contrebas, entrainant de nombreux dégâts dans ses cultures agricoles

« On perd le sol, on perd la culture qui est sur place et qui subit les ruissellements, se désole-t-il. En Seine-Maritime, il y a des champs qui ont baissé de niveau tellement il y a eu de ruissellements. »

Il s’est donc porté volontaire pour tester quelques aménagements simples, basés sur des solutions naturelles, avec l’aide de Clara Morvan, directrice technique du Syndicat des eaux de la Nonette. « On voit ici le dispositif de la fascine, des fagots de bois bien tassés, montre-t-elle. Quand l’eau boueuse passe à travers, elle agit comme un filtre et retient la terre, bloquée derrière, que l’agriculteur peut ensuite récupérer et rependre à nouveau. Ou alors la noue, qui est un fossé enherbé dont la pente est très douce. En plus de retenir l’eau à l’intérieur, l’herbe va aussi avoir un rôle de filtration et d’infiltration, c’est-à-dire que les racines de l’herbe qui pousse vont permettre d’infiltrer encore plus rapidement l’eau. »

Installation de fascines, de noues, plantation de haies ou mise en place de prairies inondables en cas de crues, etc. Il existe toute une gamme de solutions pour retenir l’eau et empêcher l’érosion. Claire Morvan liste les nombreux autres avantages que comportent ces méthodes respectueuses de la biodiversité : « Ce sont aussi des refuges pour la faune et la flore. Ce sont aussi des zones dans lesquelles on va avoir plus de fraîcheur. L’eau qu’on a réussi à stopper, dont on a réussi à éviter le ruissellement et à qui on a permis d’infiltrer la terre grâce à ces aménagements, cette eau-là va venir recharger la nappe phréatique. En période de sécheresse, le sol résistera mieux parce qu’on a pu remplir ces réserves hydriques. »

Et si le hameau de la Bordé n’est pas à l’abri d’une catastrophe météo exceptionnelle à l’avenir, les travaux réalisés il y a cinq ans semblent pour l’instant donner de bons résultats, explique Olivier Pialat. « Il n’y a plus d’eau dans le hameau, donc les installations ont bien fonctionné. Et je vois de plus en plus de haies qui se plantent dans la région, donc c’est plutôt bon signe », se félicite-t-il. 

En France, une personne sur quatre est exposée au risque d’inondation et les dégâts sont estimés, par les assureurs, à 50 milliards d’euros jusqu’en 2050.

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Source du contenu: www.rfi.fr

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