Aujourd’hui l’économie – Pourquoi le Nobel d’économie a-t-il été remis à des experts des inégalités entre nations?

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Retour sur le prix Nobel d’économie dévoilé mardi 14 octobre, ou plutôt « les » prix, puisqu’ils sont trois à avoir reçu les honneurs à Stockholm : l’Américano-Turc Daron Acemoglu et les Britanno-Américains Simon Johnson et James Robinson. Pourquoi ce prix qui, traditionnellement, consacré aux travaux portant sur l’économie a-t-il été décerné, cette fois, à des spécialistes des inégalités ? Éclairage de Gali Bonin qui nous présente avant tout ce trio de lauréats.

Acemoglu, Johnson et Robinson, trois noms inconnus pour le commun des mortels. Mais sur la planète économie, ce sont des stars. Pour en parler, certains professeurs ne donnent que leurs initiales : AJR…

Daron Acemoglu et Simon Johnson sont tous deux professeurs au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), près de Boston. James Robinson enseigne quant à lui à l’Université de Chicago. Ils sont connus pour deux articles publiés au début des années 2000… Des articles qui sont parmi les plus cités en économie…

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Et qu’est-ce qu’il leur a valu cette récompense ?

Le fait qu’ils ont répondu – au moins en partie – à une question fondamentale : pourquoi y a-t-il des pays riches, et des pays pauvres ? Selon eux, la réponse se trouve dans les institutions d’un État.

Leur thèse : les régimes démocratiques et inclusifs favorisent la prospérité, alors que les pays autoritaires et fermés la freinent. Ils basent leur analyse sur l’histoire coloniale, en examinant les différents systèmes politiques et économiques mis en place par les Européens.

Conclusion : les pays qui étaient des colonies de peuplement ont plus prospéré que ceux qui étaient des colonies « d’extraction », utilisées par les Européens avant tout pour leur richesse naturelle.

Avec ce prix, le comité rappelle qu’apporter une réponse à la question des inégalités est urgent ?

Oui, et c’est entre autres ce qui motive ce choix. Il a été salué par plusieurs confrères, comme Erik Angner, économiste de formation et professeur de philosophie à l’Université de Stockholm : « C’est un choix qui arrive au bon moment… On vit à une époque où les institutions sont menacées de toutes parts. Par le populisme, par les guerres… Ces lauréats ont un message pour nous, qui est que nos institutions démocratiques et politiques sont essentielles à la paix et la prospérité… Je pense que ça n’a jamais été aussi vrai… »

Selon les chercheurs, les pays qui se démocratisent se développent de 8 à 9 ans plus rapidement que les régimes non démocratiques…

Certains experts restent cependant critiques de la théorie des prix Nobel.

Oui, parce que la réussite d’un pays reposerait principalement sur son modèle institutionnel. Il existe donc des bonnes, et des mauvaises structures sociales. Une approche qui laisse sceptique l’économiste du développement Denis Cogneau.

Principal contre-exemple : la Chine… Le pays a connu une croissance fulgurante ces 20 dernières années, tout en restant un régime autocratique.

Les prix Nobel le reconnaissent : « la démocratie n’est pas une panacée », mais ils estiment qu’elle reste un « gain substantiel » pour le développement d’un pays.

Source du contenu: www.rfi.fr

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