Un bénéfice net divisé par trois, au troisième trimestre : c’est l’annonce faite par ArcelorMittal, le géant mondial de l’acier. Une chute qui illustre la difficulté des choix stratégiques auxquels sont confrontés les sidérurgistes implantés en Europe face à la surabondance d’acier chinois commercialisé à bas prix.
De l’acier chinois en Amérique latine, en Amérique du Nord, en Europe, il y en a beaucoup. Et même trop depuis plusieurs mois, à écouter les sidérurgistes. ArcelorMittal, le numéro deux mondial, l’a encore regretté cette semaine en annonçant ses bénéfices du troisième trimestre : les « exportations agressives » de la Chine ne sont « pas soutenables », rapporte le groupe dans un communiqué.
Les exportations chinoises ont atteint leur plus haut niveau depuis 2015 – soit 11,2 millions de tonnes pour le seul mois d’octobre, selon des données douanières publiées cette semaine. Sur les dix premiers mois de l’année, elles ont augmenté de 20% par rapport à la même période l’année dernière.
Stratégie européenne dans l’impasse
ArcelorMittal, qui réalise une part importante de son activité en Europe, a joint sa voix à celle des sidérurgistes européens qui ont appelé au secours les États membres de l’Union européenne ces dernières semaines pour obtenir des mesures d’urgence, afin de protéger la filière d’acier décarbonée qu’ils essaient de bâtir.
Une filière jugée trop coûteuse dans la mesure où l’Europe ne produit elle-même pas d’énergie bon marché. Ce serait même le problème de fond qui expliquerait le recul industriel européen face à la Chine et aux États-Unis, selon Marcel Genet, PDG de Laplace Conseil, cabinet spécialisé dans les industries métallurgiques et minières. Un contexte qui rend l’Europe plus vulnérable aux prix bas de l’acier et donc à ceux pratiqués par la Chine.
Les sidérurgistes européens face à de nouvelles taxes
La perspective d’un retour de Donald Trump au pouvoir pourrait ne pas arranger les finances des sidérurgistes européens : l’acier sera logiquement dans le viseur de nouvelles taxes douanières américaines. Ce qui veut dire que les volumes d’acier qui ne seront plus exportés vers les États-Unis seront réorientés vers le marché mondial, et notamment le marché européen, un facteur de baisse des prix, sur le papier.
ArcelorMittal a des intérêts importants aux États-Unis et pourrait profiter donc d’éventuelles nouvelles mesures protectionnistes américaines. Mais ses activités en Europe devraient au contraire continuer de souffrir de leur manque de compétitivité, assure un de nos interlocuteurs.
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