Marc Held : « On peut enfin fabriquer sur mesure pour un marché de proximité »

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Il a déjà eu plusieurs vies, toutes précieuses. Dans les années 1950, ce professeur d’éducation physique – comme l’était son père – encourage le sport pour tous, créant notamment le Club Mickey de la station d’Agon-Coutainville (Manche). Dans les années 1960, il s’invente designer, avec un premier appareil de musculation à base de tendeurs (le Strong, 1960), bientôt suivi d’un emblématique mobilier en fibre de verre pour Prisunic et du fauteuil Culbuto édité par Knoll. A la fin des années 1970, devenu architecte, il bâtit la maison de l’Utopie en acier, montée sur pilotis dans un marais de Gif-sur-Yvette (Essonne).

Au début des années 1980, il façonne des meubles aux courbes sensuelles pour les appartements privés de François Mitterrand à l’Elysée – avec des Compagnons du devoir et selon des techniques de lutherie. Parallèlement, il succède à l’architecte moderniste Marcel Breuer (1902-1981) auprès du géant américain IBM, pour qui il construit à Montpellier le bâtiment B5, destiné à abriter le centre de tests des grands ordinateurs, puis un centre social, avec bibliothèque, restaurant… En 1989, en plein succès, il jette l’éponge, s’exilant dans l’île grecque de Skopelos.

Né en 1932 à Paris et élevé à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), ce fils d’émigrés juifs communistes – père hongrois, mère polonaise – a une haute idée de la liberté. Caché sous l’Occupation dans une famille paysanne en Corrèze, il devient à 12 ans l’un des plus jeunes résistants de France, servant d’agent de liaison dans le maquis et parlant, aujourd’hui encore, le patois du Bas-Limousin. Sur l’archipel de la mer Egée où il s’est installé il y a trente-cinq ans, il a construit 14 villas « épousant le paysage » pour une clientèle fortunée. Devenant un « architecte-artiste libre de ses choix », capable aujourd’hui de réunir des mécènes autour d’un projet idéaliste.

L’école du Centre de la Terre, à Samba Dia, au Sénégal, conçue par Marc Held, a été inaugurée en octobre 2024.

Ce jeune homme de 92 ans est, en 2024, l’heureux bâtisseur de l’école maternelle Samba Dia au Sénégal, « la seule où l’on ne peut mettre les enfants au coin » (car il n’y en a pas, vu sa forme organique), faite de terre et de chaux, pour donner aux tout-petits, et aux filles notamment, l’accès à l’enseignement. Il ne s’est pas départi de ses rêves ni de ses coups de gueule en faveur de l’écologie. Le 30 octobre, cet autodidacte aux multiples succès défendait à l’Académie du climat, à Paris, ce projet solidaire, sous la forme d’un livre, Samba Dia. L’école du Centre de la Terre (Norma, 80 pages, 19 euros), illustré de ses photographies, un autre de ses talents.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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