Monsieur le président de la République, nous, écrivains, artistes, féministes et militants venus du monde entier, vous écrivons pour vous demander, de toute urgence, d’agir en faveur de Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix et infatigable défenseuse des droits humains, actuellement détenue dans la prison d’Evin à Téhéran.
Son époux, Taghi Rahmani, opposant politique, a également été retenu quatorze ans dans les prisons iraniennes, et a trouvé refuge en France en 2012. Leurs enfants jumeaux, Ali et Kiana Rahmani, l’ont rejoint en 2015, alors âgés de 8 ans.
Aujourd’hui, ils considèrent la France comme leur deuxième maison. Depuis des années, Narges Mohammadi mène un combat acharné contre les exécutions et l’apartheid de genre en Iran, et a payé un lourd tribut pour son courage. En 2023, elle a reçu le prix Nobel de la paix pour sa « lutte contre l’oppression des femmes en Iran et son combat pour promouvoir les droits humains et la liberté pour tous ». Cette distinction, la plus haute reconnaissance en matière de défense des droits humains, lui a valu une peine encore plus dure.
Depuis novembre 2023, elle est privée de ses droits fondamentaux de visite et de tout contact avec sa famille et son avocat. Au total, Narges Mohammadi a été condamnée à plus de 36 ans de prison, à 145 coups de fouet, et a d’ores et déjà purgé 135 jours d’isolement. Malgré plus d’une décennie passée derrière les barreaux, son calvaire se poursuit, ainsi que celui de ses codétenues, comme Varisheh Moradi et Pakhshan Azizi, toutes deux condamnées à mort et avec lesquelles elle partage le quartier des femmes de la prison d’Evin.
Sa santé gravement compromise
Pour avoir protesté pacifiquement contre leur condamnation à mort, Narges Mohammadi a vu sa peine alourdie. A 52 ans, elle fait désormais face à plus de dix années supplémentaires d’incarcération, tandis que les autorités iraniennes lui refusent les soins médicaux nécessaires, mettant délibérément sa vie en danger. Sa santé est gravement compromise : elle souffre de problèmes cardiaques, de douleurs dorsales, de troubles de la vision, d’une masse suspecte au sein et d’un cancer osseux potentiel.
Ce refus de soins, alors que son état se dégrade jour après jour, relève d’une cruauté calculée visant à réduire au silence l’une des voix les plus emblématiques de la justice et des droits humains en Iran.
Monsieur le président, c’est la raison pour laquelle nous vous appelons, de toute urgence, à agir fermement, et par tous les moyens, pour obtenir la libération immédiate et inconditionnelle de Narges Mohammadi. Non seulement elle a des attaches familiales fortes en France, mais elle peut compter sur le soutien de nombreuses communes et de citoyens français, qui lui ont fait l’amitié et l’honneur de lui accorder la citoyenneté d’honneur, à l’instar de Lyon, de Chilly-Mazarin, en région parisienne, de La Buisse, dans l’Isère, de Vire, dans le Calvados.
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