La Russie, premier fournisseur mondial de blé, multiplie les mesures pour cadrer ses exportations. Pour l’instant le marché mondial s’en accommode, car il y a du blé ailleurs et peu de demande.
+32% de droit d’exportation sur le blé, c’est la dernière mesure annoncée par le gouvernement russe qui cherche à augmenter ses recettes. « Cette mesure devrait avoir un impact local plus qu’international », explique Damien Vercambre, analyste chez Inter-courtage. S’ils veulent rester aussi compétitifs qu’aujourd’hui, les exportateurs russes en effet feront en sorte de ne pas répercuter cette taxe qu’ils doivent payer, mais tenteront d’acheter moins cher sur le marché local.
Le mois dernier, les autorités ont revu le quota d’exportation de blé qui serait appliqué de mi-février à fin juin 2025. « C’est la conséquence de stocks de début de saison presque inexistants et d’une production en légère baisse par rapport à l’année dernière, plus basse que la moyenne de ces cinq dernières années », explique l’expert.
37% des cultures d’hiver seraient en mauvais état ou n’auraient pas germé en raison d’un faible niveau d’humidité dans le sol, selon l’Agence nationale de météorologie.
Des exportations russes en baisse pour 2024/2025
Cette mesure signerait donc surtout une capacité d’export limitée, plus qu’une volonté de restreindre par principe le commerce, explique un de nos interlocuteurs. Au contraire, ajoute-t-il, la Russie « cherche à vendre partout » et elle ne manque pas une occasion de faire la promotion de son blé, comme l’illustre un accord signé fin novembre au Maroc pour l’achat d’un million de tonnes de blé russe cette année.
Mais de fait, en raison de la baisse de la production russe, le pays devrait peser un peu moins dans les échanges cette année : selon les estimations, les exportations de blé russe pourraient diminuer de cinq millions, voire même de dix millions de tonnes.
Cela n’inquiète pas pour autant les marchés qui n’avaient pas non plus été perturbés par les mauvaises nouvelles venant de France premier exportateur européen de blé.
Assez de blé dans l’hémisphère sud
Le manque de blé, en Europe et en mer Noire, devrait être plus ou moins compensé par les récoltes à venir de l’hémisphère sud : les perspectives de production australiennes et argentines sont meilleures que prévues. Le blé argentin a été l’origine la plus compétitive ces dernières semaines, assure un analyste, et cela n’a pas échappé aux pays d’Afrique subsaharienne qui délaissent le blé de la mer noire et le blé européen, selon les observations d’Argus Media France.
L’autre facteur qui rassure les marchés, c’est la demande atone. La Chine achète très peu en ce moment, si ce n’est du soja et du sorgho. Même les prix actuels qui devraient être attractifs ne suffisent pas à relancer les commandes chinoises de blé.
L’équilibre du marché dépendra dans les prochains mois de la demande asiatique qui est appelée à devenir de plus en plus le moteur de la demande globale : la consommation par habitant est en baisse chez les principaux importateurs africains alors qu’elle augmente chez les plus grands acheteurs asiatiques selon Argus Media France qui cite notamment les besoins croissants de l’Indonésie, où le secteur meunier est en plein essor.
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