A la fin du XIXe siècle, les grands Etats européens ont entrepris de coloniser ce qu’il restait du territoire africain. L’industrialisation était en marche et les grandes puissances rivalisaient dans la course pour s’approprier des ressources, de la main-d’œuvre bon marché et des positions stratégiques, dans un contexte de protectionnisme croissant dont on connaît l’issue tragique.
Au même moment, l’explorateur norvégien Fridtjof Nansen se laissait emprisonner par les glaces avec son navire le Fram, dans sa dérive en direction du pôle Nord. Les voies maritimes de l’océan Glacial arctique étaient depuis longtemps des lieux d’intérêt pour les expéditions, et de nombreux explorateurs ont revendiqué d’avoir atteint ce pôle magnétique au début du XXe siècle.
Depuis, la région est restée un objet de convoitises, d’entreprises scientifiques tout en occupant une place de plus en plus symbolique comme mesure universelle de l’urgence climatique. L’Arctique se réchauffe en effet quatre fois plus vite que le reste de la planète.
Des voies maritimes libres de glace
Cent ans plus tard, le président américain Donald Trump est en train de déclencher la dernière grande course néo-impérialiste. L’Arctique reste un réservoir de ressources naturelles propre à susciter tous les fantasmes. Minéraux et terres rares, pétrole, gaz, poissons s’ajoutent à l’intérêt ancien de contrôler de nouvelles voies maritimes qui deviennent désormais plus souvent libres de glaces.
Or, jusqu’à il y a peu, la région tendait à être un modèle de gestion internationale par le droit et la coopération. Le Conseil de l’Arctique en était le meilleur exemple, constitué des Etats qui ont une présence dans la région, les Etats-Unis, le Canada, la Russie, la Norvège, la Suède, l’Islande, la Finlande et le Danemark (avec le Groenland et les îles Féroé), et des représentants des peuples autochtones. La France y a un statut d’observateur, tout comme la Chine, qui a exprimé un intérêt accru pour cette région depuis une quinzaine d’années, notamment pour l’accès aux voies maritimes.
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