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Les chiffres sont sans appel. En 2023, à peine 12 % des réalisateurs crédités au générique des cent longs-métrages américains les plus rentables étaient des femmes. Vingt-six étaient issus de « groupes ethniques ou raciaux sous-représentés ». Parmi eux, quatre étaient des femmes de couleur. En pleine saison des prix à Hollywood, qui culminera avec la cérémonie des Oscars le 10 mars, ces résultats font l’effet d’une douche franchement tiède pour celles et ceux qui, dans le sillage des mouvements #metoo en 2017 et #OscarsSoWhite en 2015, avaient imaginé l’industrie du cinéma américain capable de se réformer en profondeur pour faire place à une cohorte d’artistes et de producteurs plus féminine, plus diverse, plus représentative. Le succès de Barbie, de Greta Gerwig, premier film réalisé par une femme à franchir la barre du milliard de dollars de recettes au box-office, fait figure d’alibi pour un secteur où la diversité n’est encore qu’à peine une façade.
Publiée tout début janvier, cette étude émane d’un groupe de recherche qui travaille à chiffrer les efforts d’inclusion des minorités dans le cinéma : au sein du département communication et journalisme de l’université de Californie du Sud (USC), à Los Angeles, l’Annenberg Inclusion Initiative (AII) se penche depuis 2008 sur la réalité et la confronte aux vœux pieux des communicants.
Aidés de deux cents étudiants, quinze employés à temps plein analysent chaque année une moyenne de mille cinq cents films et plusieurs centaines de séries, pour peindre le tableau des progrès, stagnations et régressions de l’industrie en se concentrant sur des sujets précis. Représentation des enfants et des adolescents, des personnes souffrant de handicap, des musulmans, des membres des communautés LGBTQIA +, des personnes de 60 ans et plus ou des femmes à la télévision et au cinéma, mais aussi présence de minorités derrière la caméra, que ce soit en tant que réalisateur, producteur, compositeur de musique de film ou responsable des effets spéciaux… Rien ne leur échappe.
Quantité et qualité des représentations
La force de leur méthode réside dans le choix de se pencher sur les quantités, mais aussi sur la qualité de ces représentations. En 2023, une étude intitulée « Représentation des autochtones américains à travers mille six cents films populaires » fêtait à sa manière la sortie du dernier long-métrage de Martin Scorsese, Killers of the Flower Moon, qui revient sur la spoliation par l’Etat américain des terres et des richesses pétrolières de la tribu des Osage, en mettant seize années de cinéma américain sous le microscope.
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Source du contenu: www.lemonde.fr