A Trappes, les jeunes se font ambassadeurs culturels de la ville

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Sur la scène du théâtre et centre d’art L’Onde, à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), neuf danseurs s’agrippent et s’éloignent, s’apostrophent et s’esclaffent, sous l’œil bienveillant d’une femme aux longs cheveux blancs. Calé dans son fauteuil, Aziz, 13 ans, croque dans son sandwich sans perdre une miette de l’entraînant Portrait, signé du chorégraphe Mehdi Kerkouche. « L’ambiance est très bizarre », chuchote le collégien à sa voisine. « Chut ! », lui intime un spectateur. Un siège plus loin, Kande, 13 ans elle aussi, gratte son cahier. « Le spectacle paraissait bien, les gens dansaient et bougeaient. On aurait dit une secte bizarre, mais c’était bien, ils n’arrêtaient pas de balancer et de tourner », a-t-elle griffonné, surlignant certains mots avec des feutres violet, vert et bleu. « J’aurai plein de choses à écrire au retour », murmure l’adolescente à sa sœur jumelle, Assia. « Moi, ça me fait penser à carpe diem, le temps qui passe », extrapole cette dernière, poétique.

Aziz, Kande et Assia font partie de la troisième promotion des jeunes ambassadeurs culturels (JAC) de Trappes (Yvelines). Pendant une saison, une trentaine de jeunes Trappistes assistent à des spectacles en Ile-de-France avant d’en sélectionner plusieurs, qui seront programmés l’année suivante à la halle culturelle La Merise.

Dans cette commune populaire de 32 000 habitants, qui a vu émerger une génération de stars, comme l’humoriste Jamel Debbouze, le rappeur La Fouine et le comédien Omar Sy, mais dont sont aussi originaires une soixantaine de djihadistes qui, de 2014 à 2016, ont rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique, la mairie fait mieux que transformer ses plus jeunes administrés en consommateurs de la culture. « On veut sensibiliser les jeunes à des univers artistiques et à des lieux auxquels ils pensent ne pas avoir accès, mais aussi les aider à développer leur propre argumentaire, se mettre dans la peau d’un programmateur culturel et décider ce qui, à leurs yeux, serait bon à voir pour leur communauté », résume Yohann Nivollet, directeur de la culture à Trappes. Et aussi piquer suffisamment leur curiosité pour leur donner envie d’aller plus loin, par eux-mêmes.

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Partenariat avec la Comédie-Française

« La culture, ce n’est pas un luxe, c’est un droit, martèle le maire, Ali Rabeh, qui dégage chaque année 35 000 euros pour financer l’opération. Mon obsession, c’est que les gamins aient accès à ce que je n’ai pas eu à leur âge. » Grandi en politique dans le giron de Benoît Hamon, qu’il a suivi à Génération.s après son départ du Parti socialiste, lui-même n’a découvert le théâtre qu’à l’âge de 27 ans – « et encore, c’était pour accompagner mon enfant ». Aussi l’édile a-t-il sauté sur l’occasion de nouer, en 2023, un partenariat avec la Comédie-Française, permettant à 2 500 jeunes Trappistes de découvrir gratuitement des dizaines de pièces pendant trois ans.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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