Après avoir investi le parc, le cheval s’invite dans les salons du château de Versailles

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A quoi l’animal peut-il bien penser, son regard, où l’on peut lire un mélange de curiosité et d’inquiétude, planté dans le nôtre ? Signée Théodore Géricault (1791-1824), la Tête de cheval blanc traduit bien la fascination exercée sur les peintres par ces animaux aux attitudes énigmatiques. L’œuvre est présentée au château de Versailles, dans une foisonnante exposition intitulée « Cheval en majesté », qui explore quatre siècles d’art équestre, de la Renaissance au début du XXe siècle. Elle se découvre dans une dizaine de salons du palais, au fil d’un long parcours jalonné de quelque 300 œuvres.

Proposée à l’occasion des Jeux olympiques (JO) et paralympiques – le parc du château a accueilli les épreuves équestres –, l’exposition survit à Paris 2024 et se tient jusqu’au 3 novembre. Le flot des visiteurs devrait connaître un bond avec l’arrivée surprise de Zeus, le cheval mécanique argenté dont les cavalcades sur la Seine avaient enchanté les spectateurs de la cérémonie d’ouverture des JO : après avoir été exposé dans la cour de la Mairie de Paris, il rejoindra, à partir du 1er octobre, le palais du Roi-Soleil.

Le lieu a probablement influé sur le choix fait par les commissaires de centrer l’exposition sur la vie de cour, l’art et la guerre plutôt que sur la vie domestique ou le travail aux champs. Le cheval y est représenté avec la même magnificence que les souverains ayant occupé les lieux. Dès la première salle, ils sont plusieurs à se dresser fièrement, crinière au vent, tel Kortom, ou soigneusement lissée, comme Sultan, peints grandeur nature sur des toiles monumentales.

Crinière vertigineuse

Ces chevaux ont été les favoris de Charles XI de Suède, qui les a fait immortaliser par David Klöcker Ehrenstrahl (1628-1698). Louis XIV aussi chérissait ses chevaux – ses écuries en comptèrent jusqu’à 2 300 –, dont les noms, que l’on découvre sur un registre de la Maison du roi, reflétaient le caractère – le Commode, le Charmant, le Pompeux, etc. Quant à Marengo, représenté par Jacques-Louis David (1748-1825) sur la célèbre toile Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard, il a acquis une notoriété quasi égale à celle de son cavalier.

« Portrait équestre de Léopold de Médicis », de Justus Sustermans (1597-1681), dans la galerie des Glaces du château de Versailles (Yvelines), en juin 2024.

« La plus noble conquête que l’homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats (…). Il partage aussi ses plaisirs, à la chasse, aux tournois, à la course, il brille, il étincelle », écrit Buffon dans son Histoire naturelle (1749-1789). Pour les fêtes, les animaux sont luxueusement parés, comme en témoignent une selle d’apparat en velours brodée d’argent, cadeau diplomatique de Louis XIV au roi de Pologne, Auguste le Fort, et cette autre en velours de soie tissé de fils d’or et d’argent, offerte à Charles XI de Suède.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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