Après les accusations de Judith Godrèche, la sortie des nouveaux films de Jacques Doillon et Benoît Jacquot perturbée

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A 51 ans, Judith Godrèche a déposé une plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot (son ancien compagnon) et Jacques Doillon pour viol sur mineure de 15 ans, entre 1986 et 1992 (accusations qu’ils rejettent). Depuis, l’actrice et réalisatrice a créé une adresse moiaussijudith@gmail.com, accompagnée de ce message sur sa page Instagram : « Je suis là. Derrière cette adresse e-mail (…) Quel que soit le milieu dans lequel vous avez été abusé(e). Partagez autant que possible. » Mediapart s’est demandé, dans une émission spéciale, si on n’avait pas enfin affaire au vrai #metoo du cinéma français.

En pareilles circonstances, l’avenir des prochains films des réalisateurs mis en cause est fortement compromis : Belle, de Benoît Jacquot, adaptation de La Mort de Belle (1952), de Georges Simenon, avec Charlotte Gainsbourg et Guillaume Canet, actuellement en postproduction, et CE2, de Jacques Doillon, drame sur le harcèlement scolaire, avec Nora Hamzawi, Alexis Manenti et l’humoriste Doully, dont la sortie était prévue le 27 mars. Plusieurs projections pour la presse ont d’ores et déjà eu lieu.

« Dans l’état actuel des choses, les producteurs et les productrices se retrouvent seuls à supporter les conséquences de situations dont ils ne sont en rien responsables, et qui découlent de faits possiblement même antérieurs à leur activité, décrit un producteur qui souhaite garder l’anonymat. Lorsqu’une société de production a réuni le financement de son film, elle contracte un emprunt auprès d’une banque ou d’un établissement de crédit en escomptant les contrats signés par les financiers. De telles opérations génèrent des intérêts bancaires, devenus très significatifs depuis la hausse des taux directeurs à la fin 2022… Compte tenu des montants en jeu, qui dépassent de beaucoup les fonds propres des entreprises concernées, il paraît clair que la plupart des sociétés indépendantes de production peuvent y voir leur pronostic vital engagé, comme on dit en d’autres circonstances. »

« Cinéaste de l’enfance »

Projeté pour la première fois au Festival du film francophone d’Angoulême, le 25 août 2021, CE2 avait reçu les éloges de Brigitte Macron, engagée depuis plusieurs années dans la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire – « Je suis extrêmement touchée. Lui [Jacques Doillon], il a un œil, il sait extrêmement bien les filmer [les enfants] (…). C’est très important d’aller le voir [le film] si on veut comprendre certains mécanismes. » CE2 était aussi à l’origine d’un débat sur « l’enfance en danger » au tribunal d’Angoulême, ce qui présageait le meilleur quant à la carrière du film auprès des scolaires.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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