Dès le premier jour de décembre, Manon (le prénom a été changé), 27 ans, sort le grand jeu. Stickers en forme de flocons, coussins rouge et vert, guirlandes lumineuses et feu qui crépite dans la cheminée (sur l’écran de sa télé). Elle peut alors démarrer son marathon annuel de films de Noël : un à deux films par jour jusqu’au 26 décembre. Pour cela, la comédienne écume les plateformes : Netflix, Apple TV +, HBO, Disney + et Prime Video. « Je recherche de la neige, des chalets bien décorés, des héroïnes débordées qui quittent la ville et échouent dans une petite bourgade à la campagne. Je me fiche des histoires d’amour, ce qui compte c’est l’atmosphère et les clichés : sapins à tous les coins de rue, rencontre impromptue avec un ex… Cela sauve ma santé mentale, malmenée par le gris de Paris et l’actu qui donne envie de se rouler en boule et de ne plus bouger. » Parmi ses favoris : The Holiday Calendar (2018), où une photographe hérite d’un calendrier magique, et A Christmas Prince (2017), où une journaliste est envoyée à Aldovia (un pays fictif évoquant vaguement la Suisse) pour obtenir un scoop sur le futur roi (dont elle tombera amoureuse après une joyeuse bataille de boules de neige).
A mi-chemin entre la comédie romantique et le conte de Noël, ces téléfilms cousus de fil blanc débordent de réjouissants stéréotypes dont raffolent les internautes. En ligne, les fans rejouent leurs scènes favorites et parodient les « tropes » (archétypes propres à un genre) les plus populaires. Sous les hashtags #holidaymovies et #christmasmovies de TikTok, des concours de pâtisserie sont organisés pour sauver l’adorable librairie locale, des fermes familiales sont menacées par l’arrivée d’un centre commercial, et des duos mal assortis prétendent être fiancés pour satisfaire des parents envahissants. Sous le hashtag #hallmarkchristmasmovies, on énumère la liste des personnages truffant les scénarios de la célèbre chaîne américaine Hallmark Channel, qui produit depuis des lustres des films de Noël en série : pâtissière excentrique, petit ami toxique, meilleure amie constamment pompette.
Il vous reste 70.38% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source du contenu: www.lemonde.fr