Berlinale 2024 : le documentaire « Dahomey », de Mati Diop, remporte l’Ours d’or du meilleur film

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« Cease the Fire » : « Cessez le feu » à Gaza, mais aussi en Ukraine, tel aura été le mot d’ordre de la soirée de clôture de la 74e édition de la Berlinale, qui a eu lieu, samedi 24 février, une date qui marque le deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le slogan se portait sur le revers de la veste, ou dans le dos, et il s’est décliné tout au long des discours qui ont jalonné la remise des prix.

L’un des films culte de la manifestation aura été No Other Land (section Panorama), d’un collectif de réalisateurs palestiniens et israéliens – Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham, Rachel Szor –, sur les violences de la police de l’Etat hébreu dans les territoires occupés. Il a obtenu le Prix du public du meilleur documentaire.

Le jury, présidé par l’actrice mexico-kényane Lupita Nyong’o, a attribué l’Ours d’or du meilleur film à Dahomey, documentaire de la Franco-Sénégalaise Mati Diop, une belle consécration pour la réalisatrice née en 1982, qui avait remporté le Grand Prix à Cannes avec Atlantique (2019). Le film suit, en novembre 2021, la restitution de vingt-six œuvres d’art à la République du Bénin. Elles avaient été pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises – le Bénin s’appelait alors le royaume de Dahomey.

L’une d’elles est une statue anthropo-zoomorphe représentant le roi Ghezo (qui régna de 1818 à 1858) et portant le numéro 26. La beauté du dispositif réside dans le choix de conférer à cette œuvre un statut de personnage : la voici qui « s’exprime » à la première personne, via une voix off, pour nous raconter son retour au pays. On la sent émue, inquiète, lorsqu’elle est sur le point d’embarquer. Et le spectateur est encore avec elle pour ainsi dire, dans le noir, lorsque, à l’issue du périple, les techniciens s’apprêtent à la faire sortir et font entendre le bruit de la dévisseuse électrique. Nous voici au Bénin.

Des œuvres singulières ont été récompensées

C’est alors que ce film dense (1 h 07) connaît son deuxième rebondissement, le plus fructueux politiquement, lors d’un débat d’une rare intensité, en présence d’étudiants béninois. Certains s’insurgent que l’Etat français ne rende que vingt-six œuvres sur un total de plusieurs milliers, d’autres sont perplexes de voir ces joyaux derrière des vitres, une telle scénographie relevant à leurs yeux d’une culture occidentale. Dahomey sera le film d’ouverture, hors compétition, au Cinéma du Réel, à Paris, du 22 au 31 mars.

« En tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afro-descendante, j’ai choisi d’être de ceux qui refusent d’oublier, qui refusent l’amnésie comme méthode », a souligné Mati Diop en recevant son prix, tout en affirmant « sa solidarité avec la Palestine ». Précisons que c’est aussi un documentaire qui avait remporté l’Ours d’or en 2023, Sur l’Adamant, de Nicolas Philibert, premier volet d’une trilogie sur la psychiatrie.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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