Incarcéré en Algérie depuis le 16 novembre pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 80 ans, transféré depuis dans une unité de soins d’un hôpital d’Alger, doit déposer une nouvelle demande de remise en liberté au mois de janvier 2025 mais pourrait être concerné par les mesures de « grâces présidentielles » et d’« apaisement » annoncées le 25 décembre par les autorités algériennes.
La toute première fois que Le Monde écrit son nom, le 27 août 1999, le journal consacre une pleine page de son supplément littéraire à son premier roman, Le Serment des barbares (Gallimard). Dans ce texte, écrit Pierre Lepape, ce « haut fonctionnaire en Algérie dit sur son pays, dans une langue brutale et colorée, des choses que personne ne voudra entendre ». Cet automne-là, il est en lice pour la plupart des grands prix littéraires (Médicis, Femina, Goncourt…). Il remportera le Prix du premier roman.
Auteur d’une nouvelle, La Voix, publiée dans Le Monde le 21 juillet 2001, Boualem Sansal est célébré ce même jour par Alain Frachon. « S’appuyant sur une langue somptueuse, un français inventif et flamboyant, un ton de conteur pour temps malheureux, il mène bataille sur le front multiforme des mensonges accablant son pays. » A l’époque, le romancier s’est déjà « fait beaucoup d’ennemis », explique le journaliste. « Parce qu’il s’est attaqué à certains des dogmes de l’Algérie officielle – le mythe de la fraternité révolutionnaire dans un Etat nomenklaturiste. »
Tout au long des années 2000, l’auteur est régulièrement invité à publier des textes dans le quotidien du soir et son hebdomadaire, Le Monde 2 : des témoignages, des souvenirs et, parfois, de la fiction, comme le 23 septembre 2006, avec La Terrible Nouvelle. Le 14 avril 2007, dans une série où des personnalités étrangères s’adressent aux Français qui s’apprêtent à désigner un nouveau président, l’auteur algérien ne cache pas sa petite préférence pour François Bayrou : « [Il] a tout pour plaire, il est beau, il est humain, courageux, comme nous, il est antisystème. »
Il vous reste 72.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source du contenu: www.lemonde.fr