Carlo Chatrian, directeur artistique de la Berlinale : « Mon autonomie en tant que programmateur n’était plus garantie »

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L’annonce a dérouté le milieu du cinéma. Le directeur artistique de la Berlinale, Carlo Chatrian, 52 ans, nommé en 2019 pour un mandat de cinq ans, en binôme avec la directrice générale Mariette Rissenbeek, a été poussé vers la porte par la ministre de la culture allemande, l’écologiste Claudia Roth, laquelle souhaite mettre fin à un tandem de direction. A la place a été nommée Tricia Tuttle, 54 ans, ancienne directrice du London Film Festival (BFI) – actuellement responsable du département de réalisation de longs-métrages à la National Film and Television School, près de Londres –, avec pour mission de faire venir plus de paillettes sur le tapis rouge. Carlo Chatrian, ancien patron du Festival de Locarno (Suisse), quittera ses fonctions au terme de la 74e édition, qui a lieu du 15 au 25 février.

Votre départ a suscité une certaine incompréhension, et a généré une pétition de plus de 400 cinéastes, acteurs et actrices – Martin Scorsese, Tilda Swinton, Claire Denis… Comment l’expliquez-vous ?

J’avais un contrat de cinq ans, en tant que directeur artistique de la Berlinale, c’était dans l’ordre des choses que ce mandat soit renouvelé ou pas. De son côté, Mariette Rissenbeek, qui codirige avec moi le festival depuis 2019, avait annoncé en mars 2023 qu’elle prendrait sa retraite à l’issue de la 74e édition. A ce moment-là, j’étais en contact avec le cabinet de la ministre de la culture, et j’avais le sentiment qu’il y avait une volonté de maintenir le poste de directeur artistique. Mais il en a été décidé autrement, et mon autonomie en tant que programmateur n’était plus garantie dans la future équipe. J’ai donc décidé que mon expérience à Berlin se terminerait avec l’édition 2024.

La programmation est un exercice d’équilibre délicat, entre les grands noms et les talents émergents. Quels sont vos choix pour cette 74ᵉ édition ?

Tout l’enjeu est en effet de mêler des auteurs affirmés et de nouvelles têtes. Cette année, on trouvera en compétition les films attendus d’Olivier Assayas (Hors du temps), de Claire Burger (Langue étrangère), de Bruno Dumont (L’Empire), d’Abderrahmane Sissako (Black Tea), de Mati Diop (Dahomey), etc., mais aussi les longs-métrages du duo iranien Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha (My Favourite Cake), de la réalisatrice canado-tunisienne Meryam Joobeur (Mé el Aïn), du cinéaste originaire de la République dominicaine Nelson Carlos de los Santos Arias (Pepe), ou encore du Népalais Min Bahadur Bham (Shambala).

D’autres sections, comme « Encounters », donnent une visibilité à des œuvres ayant une forme ou une narration plus singulière. Citons aussi la section « Panorama », qui accueille des films plus engagés, « Generation », où les films ont pour trait commun d’avoir comme personnages principaux des jeunes, ce qui ne signifie pas que les œuvres sont destinées aux enfants. Dans la section « Berlinale Special », on découvrira entre autres Averroès et Rosa Parks, du documentariste Nicolas Philibert, deuxième volet de sa trilogie sur la psychiatrie, le premier, L’Adamant, en compétition en 2023, ayant remporté l’Ours d’or.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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