« Constellation », sur Apple TV+ : Alice et le chat de Schrödinger

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APPLE TV+ – À LA DEMANDE – SÉRIE

On ne fait qu’entrevoir le personnage principal de Constellation, celui qui définit cette série propre à donner le vertige. C’est un chat transi de froid au seuil d’une maison couverte de neige, qui se tient à côté de son propre cadavre. On aura reconnu, sorti de la boîte en acier où son créateur l’avait initialement placé, le chat d’Erwin Schrödinger (1887-1961), contributeur essentiel à la théorie quantique. Dans l’exemple imaginé par le physicien, le chat peut être à la fois vivant et mort.

Autour de cette idée – qui sert normalement à expliquer la superposition quantique –, le créateur de Constellation, Peter Harness, a tissé une toile d’araignée faite de science-fiction spéculative, de cauchemars horrifiques et de conte enfantin. Même si la toile s’effiloche par endroits, elle est tissée avec assez de virtuosité et d’émotion pour retenir ses proies jusqu’à la fin.

Astronaute de l’Agence spatiale européenne, Jo Ericsson (Noomi Rapace) tourne depuis plusieurs mois en orbite dans la Station spatiale internationale (ISS), en compagnie de collègues de la NASA ou de Roscomos. Au moment où le commandant américain de la mission procède à une expérience conçue par Henry Caldera (Jonathan Banks), physicien, vétéran de l’espace, une collision avec un objet inconnu oblige les survivants, parmi lesquels Jo Ericsson, à évacuer l’ISS.

Superposition de deux états

De retour sur Terre, elle retrouve son époux (James D’Arcy), instituteur, et sa fille Alice (rôle tenu par des jumelles, Rosie et Davina Coleman), enfant sérieuse et d’une sagesse qui n’a pas attendu les années, qui perçoit en même temps que sa mère le trouble qui a envahi la réalité. Jo se souvient qu’Alice conversait avec elle en suédois, alors que la petite fille ne parle que l’anglais, des éléments essentiels de la mission se sont effacés de sa mémoire.

Alors la catastrophe initiale, mise en scène (par Michelle MacLaren, qui a contribué à Breaking Bad et Game of Thrones) avec une impressionnante énergie, qui ramène aux classiques de la science-fiction spatiale (Outland, en 1981, Gravity, en 2013), la série prend sans heurt un autre rythme, fait d’inquiétudes, d’intuitions dérangeantes, de décalages infimes, qui font naître l’étrangeté. Noomi Rapace, qui maîtrise toutes les réponses face au péril, de l’effroi à la résolution, en passant par la perplexité, tient la main d’un spectateur à qui l’on demande d’envisager la superposition de deux états, non seulement de la matière mais de l’existence.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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