Dune dans « Le Monde », de l’épopée littéraire marginalisée à la saga tout écran prophétique

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C’est en catimini que Dune fait sa première apparition dans Le Monde, le 23 octobre 1970. L’œuvre de Frank Herbert, aujourd’hui diffusée en série télévisée à gros budget (Dune. Prophecy, sur Max), n’est alors que le premier tome d’une saga de science-fiction connue en France des seuls amateurs du genre. C’est d’ailleurs Jacques Goimard, un universitaire français enseignant les « littératures marginales » à l’université Paris-VII, qui signale au détour d’un article savant cette épopée intergalactique, dont la publication aux Etats-Unis a débuté dans une revue de SF au début des années 1960.

Son auteur Frank Herbert est un vétéran de la seconde guerre mondiale, journaliste et auteur de nouvelles, converti à l’écologie. Dans son article consacré au boom des livres de science-fiction dans les librairies françaises, Jacques Goimard salue un « grand et beau livre », bien qu’« un brin laborieux par endroits ».

Il faudra attendre le 24 novembre 1978 pour que la saga Dune soit chroniquée dans « Le Monde des livres », sous la plume d’Alexis Lecaye. Cet écrivain et scénariste s’enthousiasme pour le dernier tome, Les Enfants de Dune (Robert Laffont, 1978), qui « clôt l’une des plus magistrales épopées de la science-fiction contemporaine ».

Le collaborateur des pages littéraires du Monde se risque à résumer cette « fresque hallucinante » et foisonnante de 1 200 pages : « Arrakis est le centre du récit, un monde désolé en comparaison duquel le Sahara est un paradis humide et verdoyant, unique fournisseur d’une drogue, “l’épice”, élixir de prescience et de longévité, détaille-t-il. Seule cette épice permet aux ­navigateurs ­inter­stellaires de voguer à travers les ­courants de l’espace. Pour tous les hommes, la ­possession de la drogue et de ses sources est la base de la puissance. Comme toile de fond, une civilisation humaine, diversifiée à l’infini, s’étend aux étoiles, immense empire féodal ­partagé entre quelques grandes familles. »

L’égarement lynchien

Au fil des années, la saga Dune s’impose comme un succès commercial mondial en librairie, avec bientôt plus de 20 millions d’exemplaires écoulés. Mais une malédiction pèse sur son adaptation au cinéma. Comme le rappelle Le Monde en février 1985, ­plusieurs cinéastes s’y sont cassé les dents, dont Alejandro Jodorowsky. C’est finalement l’Américain David Lynch, auréolé du succès de ses deux premiers films Eraserhead et Elephant Man, qui tente de relever le défi. Mais son Dune ne convainc pas la critique du Monde Colette Godard, qui semble trouver le film de Lynch bien fade, à l’unisson de l’ensemble de la critique.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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