FRANCE 5 – MARDI 1ER OCTOBRE À 21 H 05 – DOCUMENTAIRE
« En France, deux communes sur trois n’ont plus aucun commerce alimentaire », assène le réalisateur Vincent Guérin en introduction. Pas question toutefois de s’apitoyer sur les fermetures des commerces de proximité causées par l’implantation des grandes surfaces. Le documentariste a choisi de s’intéresser à ceux qui ont su ramener des denrées et de la vie dans leurs villages.
Il commence par la campagne d’Arras où des fermiers ont inventé le « conteneur de la confiance ». Baptisé « La Ferme Boutin », il est ouvert 24 heures sur 24 (la porte n’est jamais fermée), propose des œufs, de la viande, des pommes de terre… Que l’on paye en glissant de l’argent liquide dans une boîte aux lettres avant de récupérer sa monnaie dans une assiette verte ! Basique et efficace.
Le principe de l’épicerie ambulante est plus conventionnel. Suivre le camion La Vagabonde de Francine et Fabien sert de fil rouge au film. Chaque étape, pour s’approvisionner ou pour vendre, est prétexte à découvrir la vie de hameaux reculés, comme Chapareillan (Isère) : huit maisons, cinq clients surgis aux coups de klaxon, tous rigolards mais exigeants sur la qualité.
Un ton bon enfant
Même s’il n’apparaît que furtivement au générique final, Vincent Guérin insuffle un ton bon enfant, interpellant l’une, buvant le café d’un autre. Il est tout aussi à l’aise dans la splendide Maison Gosselin de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche), dans le nord du Cotentin. Tenue par la même famille depuis 1889, cette caverne d’Ali Baba recèle quelque 30 000 références, du camembert fermier à 3,50 euros aux jouets anciens de la droguerie. « Et en parlant de vieillerie, voici mon père », plaisante la mère qui « envoie le pâté » depuis quarante ans.
Transmission familiale encore à Châteauroux-les-Alpes (1 500 habitants, Hautes-Alpes), où Delphine a repris, à 20 ans, la petite épicerie de sa tante et l’a mise aux goûts du jour : planches de charcuterie, de fromage, bières artisanales… Trois ans plus tard, en 2023, souriante et pleine d’allant, elle a été élue « meilleure épicerie fine de France ».
A Vienne-le-Château (Marne), en revanche, la musique triste du documentaire laisse présager un souci… « Et si la solution était la supérette autonome ? », relance Vincent Guérin avant de nous faire découvrir la première du genre, installée à Claix-en-Charente, il y a un an. Depuis, le succès est tel que le concept essaime partout en France.
Autre modèle duplicable, celui de l’épicerie participative de Saint-Privat-du-Dragon, en Haute-Loire. Là encore, rires et discussions retentissent, autour d’un Scrabble ou d’un café. Avec l’aide de l’association Bouge ton coq, des bénévoles ont ainsi ramené de la chaleur humaine dans quelque cent cinquante bourgs de France. Et si la tendance était en train de s’inverser ?
Epiceries, retour au village, documentaire de Vincent Guérin (Fr., 2024, 52 min). Diffusé sur France 5 et disponible à la demande sur France.tv.
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