Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, place au jazz avec les nouveaux albums du guitariste sénégalais Mangane, du pianiste sud-africain Kyle Shepherd et du groupe réunionnais Maloya Jazz Xperianz.
« Emmène-moi », de Mangane
Il lui aura fallu attendre l’âge de 60 ans pour sortir son premier album chez un label, mais quel album ! Après deux disques autoproduits en 2011 et 2019, le chanteur et guitariste Mangane a publié mi-octobre Zoom Zemmatt, qui se veut « une métamorphose afrojazz des traditions sénégalaises ». Pour ce faire, le natif de Thiès installé à Limoges s’est entouré d’une équipe franco-cubaine menée par son compatriote et bassiste Alune Wade. Avec elle, il nous livre cinquante minutes d’échappées musicales entre jazz, funk, blues et afrobeat, où il dispense notamment ses conseils de vieux sage aux jeunes Sénégalais. « Ils sont l’avenir, dit-il. Certains restent au pays et il faut leur permettre d’exister, les aider, leur faire trouver le bon chemin. »
« Teardrop », de Kyle Shepherd Trio
Paru lundi 18 novembre, le nouvel album du pianiste sud-africain Kyle Shepherd, avec Shane Cooper à la contrebasse et Jonno Sweetman à la batterie, n’est pas avare de références. D’abord le titre, A Dance More Sweetly Played, clin d’œil à son compatriote et célèbre plasticien William Kentridge et à son œuvre multimédia More Sweetly Play the Dance – les deux artistes ayant collaboré sur l’opéra Waiting for the Sibyl. Ensuite sur le plan musical, car outre dix compositions personnelles, le trio revisite, de façon inattendue mais dans un pur esprit jazz, deux chansons des Britanniques de Massive Attack (Teardrop) et des Américains de Journey (Don’t Stop Believing). Enfin, un morceau est dédié à la Malienne Oumou Sangaré.
« Asaliah », de Maloya Jazz Xperianz
Le nom de Maloya Jazz Xperianz est lui aussi porteur de symbole puisqu’il fait référence au maloya, cette musique typique de l’île française de La Réunion, héritée notamment des esclaves africains et classée depuis 2009 au patrimoine culturel immatériel de lʼhumanité par lʼUnesco. Le groupe a fait paraître fin septembre son premier album, Mon Péi (« mon pays », en créole), qui fait suite à un premier EP sorti en 2014. Fondé par la saxophoniste et flûtiste réunionnaise Emy Potonié, il se compose également de Noé Latchimy au piano, de Rodolphe Céleste à la guitare, de Johan Saartave à la basse et de Christophe Chrétien à la batterie. Ensemble, ils proposent un jazz métissé dont le morceau Asaliah donne toute la mesure.
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