La Berlinale en phase terminale, avec un cortège de personnages en fin de vie, de morts et de revenants

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Alors que la 74e édition de la Berlinale touche à son terme – le palmarès est prévu samedi 24 février –, on peut affirmer que beaucoup de personnages en fin de vie, de morts et de revenants auront peuplé les écrans. Les cinéastes ont fait preuve de créativité, parfois n’ont reculé devant rien, pour mettre en scène le deuil auquel se préparent les proches.

Commençons par le futuriste Another End, de l’Italien Piero Messina, en lice pour l’Ours d’or. Sal (Gael Garcia Bernal) a eu à peine le temps de dire au revoir à sa compagne mourante, Zoé (Renate Reinsve). Mais, à l’heure de l’intelligence artificielle, on peut faire « revenir » le disparu pour quelque temps, selon un protocole géré par des scientifiques (Bérénice Bejo incarne l’une de ces expertes) : moyennant rémunération, une personne accepte d’incarner le mort en récupérant sa mémoire et sa personnalité, mais pas son enveloppe corporelle.

Sal accueille chez lui un ersatz de Zoé. Il tombe amoureux de la jeune femme, puis le récit se perd dans un club de pole dance et la caméra dans le « male gaze ». Dommage, car cela commençait plutôt bien. Cette romance de science-fiction est déjà rattrapée par le réel, puisqu’en Chine, des ingénieurs ont mis au point des programmes permettant de faire « vivre », virtuellement sur un écran, une personne décédée, à partir de photos et d’enregistrements réalisés de son vivant.

Dans Arcadia, de Yorgos Zois (section Encounters) – l’un des représentants de la nouvelle vague grecque « bizarre », avec Yorgos Lanthimos, Athina Rachel Tsangari… –, un médecin à la retraite, Yannis (Vangelis Mourikis), vient de perdre sa femme, Katerina, neurologiste, après que son véhicule a percuté un pont. Elle n’était pas seule. Pour tenter de comprendre, Yannis s’installe dans la maison de location qu’elle occupait avec son amant. Mais quelque chose cloche : une présence féminine (Angeliki Papoulia) se tient à ses côtés, silencieuse, effectuant elle aussi des recherches pour se souvenir. Cet étrange tandem qui ne communique pas, mais fait bloc, devient le moteur d’un travail de deuil énigmatique et lynchien.

Désordre mental

Avec Demba, deuxième long-métrage du Sénégalais Mamadou Dia (section Encounters), c’est un montage puissant, kaléidoscopique, qui permet d’entrer dans la psyché du veuf Demba (Ben Mahmoud Mbow), fonctionnaire municipal dans un petit village du nord du Sénégal, vieillissant, mis sur la touche à son bureau. Ici, les évocations de l’être aimé nourrissent le désordre mental de Demba tout en l’apaisant, lors de scènes furtives, sourdes, réagençant constamment le puzzle.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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