Alexander Ferrario, Samy Belkessa et Alivor reprennent les rôles de Vincent Cassel, Saïd Taghmaoui et Hubert Koundé, sur scène, dans la représentation orchestrée par le réalisateur du film culte de 1995. La première est prévue le 10 octobre à la Seine musicale.
Ils n’ont «pas forcé l’alchimie»: les trois comédiens qui endosseront les rôles principaux du spectacle musical La haine: jusqu’ici rien n’a changé projettent sans mal l’énergie du trio du film culte, à six mois des premières représentations.
Ça rigole et ça se chambre dans la grande salle de la LDLC Arena près de Lyon, dans laquelle cette transposition scénique, en une quinzaine de tableaux, sera jouée en novembre, un peu plus d’un mois après les débuts parisiens. Samy Belkessa, Alivor et Alexander Ferrario, acteurs-danseurs-chanteurs, se glissent dans les rôles de Saïd, Hubert et Vinz, à l’issue d’un casting de plusieurs mois qui a vu défiler 3000 candidats. «C’est eux qui vont devoir assurer que l’émotion passe», souligne le réalisateur Mathieu Kassovitz, qui revisite son œuvre originelle.
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Ces trois personnages, banlieusards cabochards confrontés à la violence policière, sont «la base». En 1995, ils étaient incarnés par Saïd Taghmaoui, Hubert Koundé et Vincent Cassel. «C’est un relais qu’on prend», explique Alivor, rappeur havrais reconnu sur les plateformes de streaming, qui va «sortir de (sa) zone de confort» avec ce premier rôle. «On fait la même course, mais on court différemment», résume-t-il. «S’inspirer» de leurs prédécesseurs «pour ne pas dénaturer le film», dit Samy Belkessa, mais «ne pas faire de copier/coller».
«Mêmes galères»
Ils étaient «petits ou pas nés» quand le film est sorti, mais tous trois l’avaient intégré de longue date à leur culture cinématographique. Samy Belkessa a toujours pensé qu’il aurait «kiffé avoir le rôle de Saïd». «Tout était écrit peut-être», constate le jeune comédien, découvert dans le thriller social Anti-Squat. Petit, ce fils de danseuse de salsa faisait des battles de hip-hop en duo avec son grand frère.
Le parcours d’Alexander Ferrario, comédien franco-argentin vu dans le premier film d‘Hafsia Herzi et sur Netflix, a commencé avec un casting sauvage. «On me posait des questions: qu’est-ce qui te fous la haine? Je n’ai pas fait le lien avec le film. Je répondais des choses personnelles», raconte-t-il. Pour se rapprocher de Vinz, il rajoute un langage, une attitude, «mais la base elle est à moi». «Ce que je trouve fort dans ce film, c’est trois mecs qui “golri” (rigole, ndlr) dans la galère», relève Alivor. «Même colère, mêmes galères» aujourd’hui qu’il y a presque trente ans, mais «les mêmes rires aussi».
«Respect»
«Si les choses avaient changé, il n’y aurait eu aucun intérêt à faire le projet», observe de son côté Mathieu Kassovitz, alors que les banlieues se sont encore embrasées en juin après la mort de Nahel, tué par la police après un refus d’obtempérer. Mais ce que le nouveau spectacle veut mettre en avant, plus que les bavures policières qui ont été largement dénoncées depuis, c’est «la demande de respect».
Le spectacle peut «offrir aux spectateurs des éléments supplémentaires de compréhension» du film, souligne le producteur Farid Benlagha. Il permettra d’«aller un peu plus loin», et s’ouvre aussi, avec la présence de personnages féminins notamment. «On veut que les gens partent du spectacle avec l’émotion qu’ils ont eu à la sortie du film», souffle Mathieu Kassovitz, qui met en scène avec Serge Denoncourt, même s’ils en connaissent déjà la fin. La première est programmée le 10 octobre à la Seine musicale, en région parisienne. Le spectacle partira ensuite en régions, notamment à Marseille du 8 au 10 novembre et à Lyon du 15 au 17 novembre.
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