« La Vie d’en haut », sur Ushuaïa TV : dans les Pyrénées, une bergère amie des ours

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USHUAÏA TV – SAMEDI 21 DÉCEMBRE À 20 H 45 – DOCUMENTAIRE

Un chant féminin, un cri, des sommets enneigés, des poules noires, un agneau qui vient de naître et… une brebis malade. Une femme, « la bergère », la réconforte ; un homme lui administre des soins. Les premières images de La vie d’en haut, diffusé dans le cadre du cycle « Mois de montagnes », sont elliptiques.

Il faut attendre quelques minutes et l’heure du repas pour comprendre que l’homme est le père de Margot (environ 8 ans), la fille de la bergère. Ce sera la seule scène familiale, avec pour unique sujet de conversation l’euthanasie de la brebis et la mort du bébé – « pas fini », précise la mère – que portait l’animal.

Chaque image apporte un élément de compréhension : le plan fixe sur l’entrée de la cabane de la bergère montre les murs écaillés, les meubles hors d’âge, la combinaison de Margot, et le couloir qui donne sur l’étable. La narration est minimaliste pour faire comprendre que deux ourses ont été réintroduites dans les Pyrénées quatre ans auparavant, dont l’une à proximité de l’estive de la bergère. Cette dernière y est totalement favorable et va, tout au long du film, qui la suit au fil des mois, expliquer comment elle s’en protège pour vivre sereinement.

« Sous perfusion de l’Etat »

La transhumance constitue l’événement de l’année, avant les quatre mois en estive durant lesquelles pâturent ses brebis. Là-haut, la vie de la bergère est rythmée par la météo, la traite, le façonnage des fromages. Margot participe, joue avec des vers d’eau, et répète : « Les ours sont des êtres vivants comme nous. Ce n’est pas parce qu’ils nous attaquent qu’il faut les tuer. Nous, on veut les protéger. »

Les longs plans-séquences de la réalisatrice Carole Sainsard sont esthétiquement soignés. Contrairement aux images de la mère ourse et de ses petits, plus instantanées – archives du parc national des Pyrénées et du Fonds d’intervention éco-pastoral – Groupe ours Pyrénées. Si le parti pris artistique est louable, quelques précisions factuelles auraient toutefois permis une meilleure compréhension des enjeux de ce documentaire expérimental.

La bergère se nomme Elise Thébault et le père Olivier Maigre. Ornithologue durant une décennie, il s’est converti à l’agriculture à la ferme Bexka, dans les Pyrénées. Cette petite famille vit donc partagée entre la ferme et, l’été, la cabane d’Elise à Etsaut (Pyrénées-Atlantiques), dans le Béarn, territoire où vivent également des ours bruns.

Lorsque Elise déclare « vivre quelque part sous perfusion de l’Etat », elle fait allusion au Fonds européen agricole pour le développement rural, qui permet le salariat d’un berger ou d’une bergère afin d’assurer une présence permanente auprès du troupeau et d’éviter la prédation. « C’est cette aide qui m’a convaincue d’être bergère », dit-elle.

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En mai 2017, elle a rejoint un groupe de producteurs de fromages, Pé Descaous, qui militent pour la cohabitation entre l’ours et le berger (d’où l’empreinte de la patte d’ours sur le fromage). Leur position reste toutefois minoritaire dans le monde agricole et pas toujours comprise. D’où l’intérêt de faire de la pédagogie. En mars 2023, Elise et Olivier ont décroché la médaille d’argent au Salon de l’agriculture pour leur tomme de brebis de montagne au lait cru. Dans le ciel nocturne scintille la Grande Ourse.

La Vie d’en haut, de Carole Sainsard (Fr., 2024, 52 min).

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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