L’actrice Isild Le Besco raconte « l’emprise destructrice » exercée par le réalisateur Benoît Jacquot

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Après avoir dévoilé au Monde, au début de février, avoir subi des « violences psychologiques ou physiques » de la part de Benoît Jacquot, l’actrice française Isild Le Besco s’exprime dans une interview au Parisien, jeudi 22 février, sur « l’emprise destructrice » qu’elle affirme avoir subi de la part du réalisateur et sur cette libération de la parole qui « est historique [et] nécessaire ».

Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Benoît Jacquot, un système de prédation sous couvert de cinéma

Elle a fait la rencontre de M. Jacquot en 1999 lors du tournage du film Sade, son premier grand rôle. La comédienne, alors âgée de 16 ans, et le réalisateur de 52 ans ont ensuite entamé une relation qui durera plusieurs années, jusqu’au film L’Intouchable (2006). « En apparence, c’était une relation nourrissant de beaux films et, pour moi, la découverte d’un monde. Mais à l’intérieur, c’était aussi une emprise destructrice, une perte de soi. Des violences psychologiques, surtout », assure Isild Le Besco dans Le Parisien.

« Benoît Jacquot pensait savoir mieux que moi qui j’étais et ce que je pensais. (…) Par exemple, il me disait perpétuellement que j’étais grosse. Il y a eu aussi des violences physiques, parfois, sous le coup de la colère », poursuit-elle. La réalisatrice de cinq longs-métrages – Demi-Tarif, Charly, Bas-Fonds, La Belle Occasion et Une famille – affirme que cette relation « a été constituti[ve] de [sa] personnalité ». « Une emprise engendre d’autres emprises. Après, j’ai vécu des choses encore plus graves avec d’autres hommes parce que j’étais prête à m’écraser pour quelqu’un », explique-t-elle.

« Probable » plainte

Isild Le Besco revient également sur sa rencontre avec un autre réalisateur français mis en cause ces dernières semaines, Jacques Doillon. Alors qu’elle préparait un rôle pour Carrément à l’ouest, sorti en 2001, l’actrice affirme s’être fait « virée du film » parce qu’elle avait « refusé [l]es avances » du réalisateur. « Il m’a pillée littéralement, et pas seulement mon travail », accuse-t-elle.

M. Jacquot, 77 ans, et M. Doillon, 79 ans, sont accusés par plusieurs actrices de violences et de harcèlement sexuels. Après des plaintes déposées par Judith Godrèche, une enquête a été ouverte contre les deux réalisateurs pour « viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité ». Interrogée sur d’éventuels dépôts de plainte à l’encontre de MM. Jacquot et Doillon, Isild Le Besco annonce au Parisien qu’il « est probable qu’à un moment donné [elle] le fasse ».

Dans cet entretien, Mme Le Besco dénonce également la responsabilité du « milieu du cinéma » qui s’est « comporté exactement comme se comporte une famille quand l’un de ses membres est maltraité : en se taisant ». « Mais on ne doit pas essayer de réparer une époque révolue, on doit s’attaquer à celle que nous vivons », estime-t-elle.

Le Monde avec AFP

Source du contenu: www.lemonde.fr

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