LA LISTE DE LA MATINALE
C’est une semaine pleine de pieds de nez. Celui que fit Robert Badinter – disparu le 9 février à 95 ans – à la mort en abolissant la peine capitale en 1981. Celui que l’Ukraine fait depuis deux ans à Vladimir Poutine et à son « opération spéciale ». Celui que tentent de faire aux dealeurs les habitants du Tonkin, ce quartier de Villeurbanne devenu un supermarché de la drogue à ciel ouvert. Celui enfin de René Maran, écrivain oublié, qui fut le premier Noir à remporter le prix Goncourt voici plus d’un siècle, au nez et à la barbe des bien-pensants d’alors.
Le Théâtre du Soleil livre ses « munitions culturelles » à l’Ukraine
Ariane Mnouchkine en est convaincue : si l’Ukraine perd, « nous perdons », l’entend-on dire dans le formidable documentaire que lui consacrent Duccio Bellugi-Vannuccini et Thomas Briat. La directrice du Théâtre du Soleil mène le combat avec son arme de prédilection : le théâtre. C’est à un stage intense (douze jours dans Kiev assiégée) qu’elle convie une centaine de comédiens ukrainiens. Accompagnée d’une partie de sa troupe, elle leur inocule le virus du jeu.
Tous se plient aux consignes de cette metteuse en scène hors du commun qui les propulse, avec énergie et humour, dans des salves d’improvisations. Les sourires ressurgissent alors sur les visages de jeunes gens dont le quotidien est marqué par l’angoisse. « Vous devez être convaincus que vous avez choisi un art, le théâtre, qui est indestructible », leur assène Mnouchkine. Nul doute qu’elle aura su les convaincre. « Nous avons besoin des munitions culturelles que vous nous apportez », lui a lancé un de ses élèves. J. Ga.
« Au bord de la guerre, Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil à Kyiv », un documentaire de Duccio Bellugi-Vannuccini et Thomas Briat (Fr., 2024, 59 min). Disponible en replay sur france.tv jusqu’au 18 septembre 2024.
Des preuves des crimes de guerre russes
Exécutions sommaires, torture, enlèvements de civils, déportation d’enfants… Ksenia Bolchakova et Manon Loizeau ont collecté sur le terrain les preuves des crimes de guerre commis par les Russes en Ukraine. Autrices de nombreux documentaires remarquables sur la région, elles ont, dès le mois de mai 2022, décidé d’aller sur le terrain.
Durant des mois, prenant le temps de tisser un rapport de confiance sur la durée avec des témoins de premier plan, les deux journalistes ont recueilli des témoignages glaçants au cœur de zones devenues tristement célèbres : Boutcha, Izioum, Kherson, pour ne citer qu’elles. Ainsi de cet ex-membre du Groupe Wagner racontant le « nettoyage » de Bakhmout, de cette jeune prof de maths à Izioum, enlevée puis torturée, de Nikita, soldat russe qui, après deux mois au front, témoin d’horreurs, a déserté et s’est réfugié en Espagne.
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Source du contenu: www.lemonde.fr