Les sorties cinéma de la semaine : « La Mère de tous les mensonges », « Eureka », « Il n’y a pas d’ombre dans le désert » …

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LA LISTE DE LA MATINALE

Dans les salles, cette semaine, le premier long-métrage d’une réalisatrice qui s’applique à ranimer la mémoire familiale à partir d’une maquette de son quartier d’enfance (La Mère de tous les mensonges) ; le retour attendu du cinéaste Lisandro Alonso, l’une des figures phares du cinéma d’auteur argentin, qui, avec Eureka, nous embarque dans un voyage transcendant à travers l’espace et le temps, le long du continent américain. Et une histoire d’amour trouble sur fond de procès d’un ancien bourreau nazi (Il n’y a pas d’ombre dans le désert).

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« La Mère de tous les mensonges » : une plongée dans une histoire familiale lestée de secrets

Asmae El Moudir avait 12 ans quand elle prit conscience qu’il n’existait aucune photographie d’elle enfant. Pas plus, d’ailleurs, de sa famille. Elle ne cessera dès lors d’interroger sa mère, qui finira par désigner la coupable en la personne de Zahra, la grand-mère paternelle qui a toujours refusé la présence de photos dans la maison. Devenue réalisatrice, Asmae El Moudir a entrepris pour son premier long-métrage de libérer la parole et recréer les souvenirs familiaux.

Puisque les traces du passé avaient disparu, elle décida de les fabriquer au sens propre du terme, chargeant son père de construire une réplique miniature du quartier et de la maison de son enfance marocaine, à Casablanca. Mais aussi de sculpter les figurines destinées à représenter les membres de la famille. Dans l’atelier, elle a réuni la famille. C’est là qu’elle installe le spectateur, désormais témoin de la fabrication du décor, de l’avancée du scénario, qui s’écrit à mesure des confidences auxquelles chacun consent, à son rythme.

Multipliant les angles et les points de vue, Asmae El Moudir se tient à l’écoute, encourage avec discrétion la parole. Peu à peu, les histoires intimes se révèlent, déchirent le voile d’une histoire plus large, celle du Maroc durant les années de plomb et les émeutes contre la hausse du pain du 20 juin 1981, violemment réprimées. La mise en scène précise, fantaisiste et follement inventive de la réalisatrice nous cueille par sa grâce enfantine et cette magie qui tend à ce petit miracle : ressusciter la mémoire orale et réenchanter les vies. V. Cau.

Film marocain d’Asmae El Moudir. Avec Zahra Jeddaoui, Mohamed El Moudir, Ouardia Zorkani, Abdallah Ez Zouid (1 h 37).

« Eureka » : une cérémonie où les mondes des vivants et des morts sont indissociables

Tant de films se vendent aujourd’hui sur la seule foi d’un sujet porteur, qu’un long-métrage sans sujet identifiable a priori, où le spectateur doit faire son chemin, paraît tout à coup une bouffée d’air frais. Cette grande respiration, c’est à Eureka, film fleuve de l’Argentin Lisandro Alonso, qu’il sera revenu de l’insuffler. Ici, le cinéaste se penche sur la condition indigène, non pas localement, à l’échelle d’une tribu, mais de façon transcendante, à celle d’un continent bouleversé par l’histoire coloniale.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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