LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine dans les salles : le très beau long métrage du Britannique Andrew Haigh, film fantastique et tragédie amoureuse, qu’illumine un éblouissant quatuor d’acteurs ; le documentaire de Yamina Zoutat sur le sang − fil rouge d’un récit personnel qui entre en résonance avec l’époque ; l’histoire délicate d’une enfant qui, durant des vacances au Pays basque, affirme son identité libre.
À ne pas manquer
« Sans jamais nous connaître » : l’auteur, son désir et ses fantômes
Adam (Andrew Scott) apparaît un moment comme l’incarnation même de l’ennui et de la solitude, cloîtré dans un grand appartement au sommet d’une tour londonienne presque vide. L’irruption d’un voisin dionysiaque (Paul Mescal) propulse le scénariste en panne d’inspiration dans un voyage merveilleux et périlleux aux frontières entre la vie et la mort, entre le souvenir et la création.
Le metteur en scène Andrew Haigh (Week-End, 45 ans, la série Looking) filme les miracles − Adam retrouve ses parents (Claire Foy et Jamie Bell) comme ils étaient quand il avait 11 ans − et la passion amoureuse en passant de la chaleur à la brûlure, sans jamais rien perdre de sa délicatesse. En premier violon d’un irréprochable quatuor d’acteurs, Andrew Scott est bouleversant. T. S.
Film britannique d’Andrew Haigh, avec Andrew Scott, Paul Mescal, Claire Foy, Jamie Bell (1 h 45).
À voir
« Chienne de rouge » : toute une vie sur le fil rouge du sang
Il est de ces films qui sèment des petits cailloux que l’on veut bien suivre sans trop savoir où ils vont nous mener. Juste parce que la résonance entre les images et la voix off ouvre un chemin singulier, labyrinthique, n’appartenant qu’à une personne, dont le fil rouge est ici le sang : « Je me suis réveillée un matin avec ce désir : filmer du sang. » Ainsi commence le documentaire de Yamina Zoutat (Retour au Palais, 2017), ancienne chroniqueuse judiciaire pour la télévision, qui suivit le procès du sang contaminé en 1999.
Dans Chienne de rouge, on suit pêle-mêle et, au-delà de l’écoulement des flux menstruels, filmé en direct, un jeune homme convoyeur de sang, une professeure de médecine spécialiste de la greffe, une femme qui revit grâce à un don de cellules… Yamina Zoutat capte l’époque sans dicter de message, au fil d’un télescopage d’images minimalistes, qui prennent peu à peu leur cohérence, la cinéaste tirant les fils de son existence pour les relier au monde qui l’entoure. Cl. F.
Documentaire suisse et français de Yamina Zoutat (1 h 36).
« 20 000 espèces d’abeilles » : une éclosion identitaire parmi les ruches
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