L’organiste Odile Bailleux, interprète de haut vol de la musique ancienne, est morte

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Odile Bailleux, qui est morte à Paris dans la soirée du 18 novembre, était, avec Arlette Heudron (1935-1978) – la mère du violoniste baroque François Fernandez –, parmi les premiers baroqueux du monde de l’orgue, aux côtés de Michel Chapuis (1930-2017), Xavier Darasse (1934-1992), André Isoir (1935-2016) notamment. Une bande de musiciens « historiquement informés » qui révolutionnèrent la pratique de l’instrument.

Née le 30 décembre 1939 à Trappes (Yvelines), cette formidable musicienne, sensible et à la tête bien faite, longtemps organiste titulaire de l’église de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, avait une personnalité complexe et attachante : elle ne mâchait pas ses mots, pouvait être rugueuse (on ne la surnomma pas pour rien « l’Epineuse », du nom d’une pièce de clavecin de François Couperin), mais elle était tout autant sympathique et généreuse.

Après un concert parisien au cours duquel elle avait commis un nombre inhabituel de fautes de jeu, Odile Bailleux avait subi des examens de contrôle qui avaient révélé un méningiome, une tumeur des méninges. Elle en fut opérée en 1992, à la suite de quoi elle ne retrouva plus l’usage du bras droit – ce qui rappelait le drame vécu par Xavier Darasse, qui avait perdu, après un accident de voiture, en 1976, le contrôle du sien.

Sa carrière de concertiste s’arrêta, mais Odile Bailleux demeura professeure d’orgue au conservatoire de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) jusqu’à sa retraite, en 2004. Un rôle qui lui était naturel : « J’ai toujours enseigné, depuis l’âge de 12 ans. J’ai appris la musique aux autres, à mes sœurs, à des enfants, et je sais que je le fais bien. Inutile d’être faussement modeste », disait-elle à Jacques Drillon dans Le Monde de la musique (confondé en 1978 par Le Monde et Télérama) d’octobre 1979.

« Faire des fêtes, pas des concerts »

Son confrère Georges Guillard, dont elle partagea, pour peu de temps, à partir de 1990, la tribune de Notre-Dame des Blancs-Manteaux, à Paris, nous a confié : « Sa très belle classe, au conservatoire de Bourg-la-Reine, que je connaissais pour avoir été souvent membre du jury de ses concours de fin d’année, était celle qu’il fallait fréquenter si l’on s’intéressait à la musique ancienne. » En sont sortis des élèves fameux comme Aude Heurtematte, Jean-Paul Serra ou Freddy Eichelberger.

Comme Georges Guillard, en 1963, Odile Bailleux fut l’élève d’Edouard Souberbielle (1899-1986), grand professeur qui, à l’école César-Franck, à Paris, enseignait les « maîtres anciens » et s’intéressait aux pratiques de jeu historiques, contrairement à un Marcel Dupré (1886-1971) qui, au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, méprisait tout ce qui précédait Bach.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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