Christophe Ghristi a présenté la nouvelle programmation d’opéra de la maison de Toulouse et Beate Vollack, la première qu’elle signe pour le ballet.
«Il faut faire gros, il faut faire beau et sans cesse se battre pour des dépenses pragmatiques», indique Christophe Ghristi, directeur artistique du Capitole de Toulouse. Alors que les patrons des opéras pleurent sur la hausse des coûts et la difficulté de tenir leur cahier des charges, la maison de Toulouse caracole avec une nouvelle saison qui donne envie de camper là-bas, sur la grand-place de la ville rose.
Devenu établissement public depuis le 1er janvier 2023, le Capitole jouit de deux avantages: un capital d’affection immense dans le cœur des Toulousains qui remplissent la salle à 98% quand ça n’est pas 100%. Et une mairie qui comprend combien l’image du Capitole rejaillit sur celle de la ville, et qui fait en sorte donc que l’opéra porte des productions qui en mettent plein les sens. La subvention de la ville a été légèrement augmentée. Situation que pourraient envier Lyon, Strasbourg ou Bordeaux, et les autres opéras de France.
«Faire du gros et du beau», Ghristi ne s’en prive pas. Sa saison, dit-il, est celle des «coups d’éclat». Ouverture avec Nabucco, nouvelle production mise en scène par Stefano Poda et dirigée par Giacoma Sagripanti, suite avec Didon et Énée en version Concert avec l’Orchestre et les chœurs de Versailles mais Sonya Yoncheva, excusez du peu. Alcina, premier opéra d’une compositrice, Francesca Caccini (1587-1641) lui succède. Bruno Mantovani, compositeur complice de Ghristi, signe une création mondiale Voyage d’Automne qui retrace la singulière virée dans l’Allemagne nazie en 1941 de Jouhandeau, Chardonne, Fernandez, Drieu de la Rochelle et Brasillach.
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Offenbach réchauffe janvier avec Orphée aux Enfers monté par Olivier Py pour Lausanne l’hiver dernier et repris avec la fine fleur des jeunes voix françaises avec Marie Perbost en Eurydice et Cyrille Dubois en Orphée sous la baguette de Chloé Dufresne. Février accueille la production de Jules César vue la saison dernière au TCE à Paris avec Christophe Rousset et ses Talens Lyriques et Damiano Micheletto à la mise en scène. La fin de la saison qui programme coup sur coup la reprise de Norma, dans une mise en scène tragique d’Anne Delbée et sous la baguette d’Hervé Niquet, une nouvelle production du Vaisseau Fantôme, mise en scène par Michel Fau, qui se confesse obsédé par Wagner, et dirigée par Franck Beerman, qui a remarquablement mené les précédents Wagner du Capitole. Adrienne Lecouvreur clôt la saison, dans une production «louée à AS.Li.Co réunion des théâtres lyriques du nord de l’Italie qui se réunissent pour monter des productions», dit Ghristi.
Talents nouveaux
La danse voit loin et haut. Beate Vollack, arrivée dans les murs depuis septembre comme directrice du ballet, se réjouit du niveau de la compagnie de 35 danseurs que lui a laissée Kader Belarbi, à sa tête pendant dix ans. Formée à l’école du ballet de Berlin, puis danseuse au ballet de Munich, elle se définit comme danseuse classique, moderne et contemporaine, puis directrice de compagnie au répertoire contemporain, à Saint Gall, et classique à l’Opéra de Graz. «Le Capitole me permet de réunir ces deux versants», dit-elle. Sa prochaine saison est réjouissante, aussi parce que plutôt originale. Bien des chorégraphes à l’affiche signent leur première production en France et, à l’heure où l’on cherche des talents nouveaux, on ira à Toulouse pour faire connaissance. En outre, la musique est reine dans cette programmation soutenue par des interprètes de premier plan.
C’est Jordi Savall et son Concert des Nations qui accompagnent le programme Gluck: Semiramis chorégraphié par Angel Rodriguez, autrefois chez Nacho Duato, et Don Juan chorégraphié par Edward Clug, roumain, qui crée peu mais pour de bonnes maisons comme Stuttgart, Berlin, Zurich ou Nederlands Dans Theater. Cette soirée tournera à l’Opéra-Comique à Paris et au Liceu de Barcelone. La compagnie dansera au Capitole pour les fêtes avec un programme Balanchine accompagné par l’Orchestre: Thèmes et Variations, Tchaïkovski pas de deux et Who Cares? manière de rappeler comme le ballet du Capitole fut Balanchinien lorsque sa directrice se nommait Nanette Glushak, étoile de Balanchine à New York qui dirigea le ballet toulousain pendant 17 ans. Place ensuite à la Halle aux Grains, à un programme Chansons Dansées avec Brel de Ben van Cauwenbergh, suite de neuf chansons chorégraphiées de manière parfois extrêmement virtuose comme Les Bourgeois. Une création sur des chansons de Barbara commandée à Morgann Runacre-Temple, et la reprise de Cantata de Mauro Bigonzetti complètent la soirée.
L’exigeant Jean-Guillaume Bart, étoile de l’Opéra de Paris et l’un des meilleurs maîtres à danser de l’école française, vient ensuite créer sa Coppélia dans des costumes de Christian Lacroix. Final innovant avec une soirée jeunes chorégraphes au Couvent des Jacobins, écrin léger propice aux expériences.
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