Au Palais de Tokyo, l’exposition Dislocations présente, jusqu’au 30 juin, les œuvres de créateurs marqués par le déchirement de leur pays.
Irak, Syrie, Afghanistan… Fuyant la guerre ou un pays où les femmes sont privées de droits, des artistes ont choisi l’exil pour continuer à créer et tenter de se réparer, objet d’une exposition qui débute vendredi à Paris.
Baptisée Dislocations, elle se tient au Palais de Tokyo jusqu’en juin et présente les dessins, installations, vidéos, peintures, sculptures, photographies et pièces de textile ou en allumettes d’une quinzaine d’artistes âgés de 25 à 55 ans, précise Daria de Beauvais, commissaire avec Marie-Laure Bernadac.
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Cette exposition est organisée «à l’initiative de l’association Portes ouvertes sur l’art qui soutient les artistes en exil», ajoute-t-elle. «Leur travail traduit des récits fragmentés croisant déplacement, emprisonnement, guerre, mais aussi résilience et réparation», souligne encore la commissaire.
May Murad, quadragénaire palestinienne vivant à Paris, présente une série d’autoportraits peints dont le décor mêle le sol de sa maison d’enfance à Gaza, récemment détruite dans un bombardement, à du mobilier européen. Deux de ces tableaux sont comme une image et son négatif: l’apparition fantomatique de la silhouette de l’artiste et la multiplication de la même silhouette, recouverte par un message d’erreur superposé à l’image d’un tank.
Bataille de Mossoul
Majd Abdel Hamid, né en Syrie en 1988 et qui vit à Paris, expose de minuscules morceaux d’étoffe brodés représentant les espaces dans lesquels ses proches se sentent «en sécurité», réalisés à partir de matériaux souvent trouvés dans des zones urbaines dévastées. L’Irakien Ali Arkady, 42 ans, propose des images photographiques reproduites sur des monolithes brisés. Ce photojournaliste, désormais installé à Paris, a documenté les derniers moments de la bataille de Mossoul contre l’État islamique et témoigné des abus des soldats dans un documentaire multiprimé, Kissing Death.
Rada Akbar, Afghane de 42 ans vivant à Paris, expose «une robe de super-héroïne» rendant hommage à Shakila Zareen, adolescente mariée de force à un homme plus âgé qui lui a tiré en plein visage, sans la tuer mais la défigurant.
Tirdad Hashemi, née à Téhéran en 1991, a choisi l’exil entre Paris et Berlin «pour vivre librement en tant que personne queer», explique l’artiste dans un texte. Ses dessins s’appuient sur son quotidien, avec une représentation récurrente des corps et des identités plurielles.
Enfin Sara Kontar, née en 1996 en Libye et qui a grandi en Syrie, qu’elle a quittée en raison de la guerre, présente un mur de photographies façon cyanotype retraçant son parcours jusqu’en France à 19 ans, avec son frère jumeau.
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