Rebranchées, les guitares : le rock des années 2000 fait de la résistance

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« Il n’y a pas de bon vieux temps/Le bon vieux temps, c’est maintenant », chantaient les Libertines. A peine lancés, Pete Doherty et Carl Barât, les leaders du groupe de rock britannique, mettaient en vers la nostalgie du temps qui passe. C’était en 2002, il y a plus de vingt ans déjà. Pour certains, la première décennie du siècle fut celle de la tecktonik, du gangsta rap, de l’ascension de Jay-Z au firmament du rap ou de la French touch.

Mais, pour beaucoup d’autres, elle fut le temps où le rock, le « vrai » – nerveux, sale, libre –, fit sensation. Il émergea des sous-sols poisseux du sud de Manhattan et du nord de Londres, pas encore gentrifiés, rappelant au bon souvenir de la génération X, bercée de disco et d’eurodance, la rage brute des légendes des années 1970 : The Clash, Sex Pistols, Ramones, The Stooges, The Velvet Underground.

Des post-­adolescents eurent à leur tour envie de chanter faux, de gratter la guitare sans avoir aucune notion de solfège et de jouer des coudes dans des salles de concerts bien trop petites, à l’abri de leurs Perfecto en cuir. Des histoires de drogue, d’amour et d’amitié, des CD aux boîtiers rayés, des albums vendus à des centaines de milliers d’exemplaires, des images de beaux jeunes gens aux cheveux longs et aux yeux cernés…

Des jeans slim si serrés

Vingt ans plus tard, cette époque semble revenir au goût du jour. Pete Doherty, qui a repris son nom de baptême, Peter, lui-même ressurgit. Deux ans après le très bel album The Fantasy Life of Poetry & Crime, composé avec l’aide du musicien, arrangeur et producteur français Frédéric Lo, Canal+ diffuse depuis le 19 février Stranger in my Own Skin, un documentaire sur le rockeur britannique, aujourd’hui âgé de 44 ans et installé en France. Réalisé par sa compagne Katia de Vidas, le film revient sur l’épopée des Libertines, sa vie après leur première séparation, en 2005, et sa lutte contre l’addiction. Au même moment paraît son autobiographie, Un garçon charmant (Le Cherche Midi), et un nouvel album du groupe, All Quiet on the Eastern Esplanade, est annoncé pour le 8 mars, neuf ans après Anthems for Doomed Youth.

Il semblait oublié, écrasé par le rap et l’électro, ce temps des jeans slim si serrés qu’ils étaient impossibles à retirer, des boots pointues, des guitares saturées, des voix qui déraillent et des hymnes de trois minutes menés tambour battant. Autant de morceaux si peu compatibles avec l’algorithme TikTok, mais glorifiés à l’époque par des hordes de fans sur Myspace.

Ringardisé par la suite, ce son fait de la résistance, comme l’illustraient de manière drolatique une série de vidéos postées en janvier sur Instagram par le duo américain The Black Keys, pour annoncer la sortie de leur nouvel album, Ohio Players, le 5 avril. Intitulés Gen Z vs TBK (« la génération Z contre les Black Keys »), ces petits films voient les deux rockstars, la quarantaine grisonnante et un peu bedonnante, faire face au mépris générationnel de deux jeunes filles qui portent des tee-shirts du nom de leur groupe, révélant qu’il s’agit de vieilleries appartenant à leurs parents. Une manière de les renvoyer à leur statut de papys rockeurs.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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