Si les personnages d’Ernest et de Célestine figurent aujourd’hui au panthéon de l’illustration jeunesse, aux côtés de ceux signés Arthur Rackham, Ernest Howard Shepard ou Quentin Blake, le parcours de leur créatrice, Gabrielle Vincent (1928-2000), reste pour une large part ignoré. La première rétrospective organisée en France de l’œuvre de Monique Martin – le vrai nom de l’artiste belge – permet de lever un coin du voile. Outre une centaine de dessins aquarellés mettant en scène l’ours Ernest et la souris Célestine, merveilles de précision et d’expression des sentiments – avec ce fameux halo blanc autour des personnages qui permet de les isoler dans l’image –, on y découvre des illustrations moins connues, issues des voyages de l’autrice au Maghreb ou de ses déambulations dans le palais de justice de Bruxelles, ville natale à laquelle elle resta fidèle jusqu’à sa mort en 2000, à l’âge de 72 ans. Là, c’est la science du trait qui domine, le monochrome de la mine de plomb, la mélancolie des atmosphères au lavis, tout un travail qui fait de Monique Martin bien plus qu’une illustratrice pour enfants, une condition à laquelle elle a d’ailleurs toujours refusé d’être réduite.
Cédric Pietralunga
Gabrielle Vincent, galerie Daniel Maghen, 36, rue du Louvre, Paris 1er. Jusqu’au 9 mars, du mardi au samedi, de 10 h 30 à 19 heures, entrée libre.
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