Quand le guitariste britannique Michael Kiwanuka publie son premier album en 2012, Home Again, il est d’une timidité maladive. Lorsqu’on le retrouve douze ans plus tard à Paris, après ces remarquables Love & Hate (2016) et Kiwanuka (2019), le vainqueur du prestigieux Mercury Prize, le nominé pour le meilleur album rock aux côtés de ses idoles The Strokes aux Grammys Awards américains en 2021, le désormais trentenaire a pris confiance en lui. Alors qu’il publie son quatrième album intitulé ironiquement Small Changes, le chanteur d’origine ougandaise, presque jovial, se livre plus facilement sur sa mue et ses projets dont une tournée mondiale qui passera par la France le 28 février 2025.
Selon lui, ses producteurs, avec qui il travaille depuis 2016, l’Américain Danger Mouse, ex-membre des Gnarls Barkley et collaborateur de Gorillaz (collectif de Damon Albarn), et l’Anglais Inflo, beatmaker de la rappeuse Little Simz, sont pour beaucoup dans sa transformation : « J’adore mon premier album, Home Again, résume Kiwanuka, mais il était très centré sur ma guitare acoustique. A l’époque, je ne savais pas que je pouvais écrire une chanson comme Black Man in a White World, sur mon identité d’homme noir dans un monde blanc. Mes producteurs sont phénoménaux et ils sont eux-mêmes artistes. Alors, ils réfléchissent comme moi, me poussent à répondre à des questions comme : “A quoi ressemblerait ta chanson si tu chantais ces paroles en colère ? Qu’est-ce que signifierait pour toi de montrer que tu sais aussi jouer de la guitare électrique ?” »
Nouvelle paix intérieure
Avec eux, Kiwanuka découvrira les grands studios de Los Angeles sur Sunset Boulevard et de New York, osera inviter des musiciens pour accompagner sa guitare dont il joue depuis ses 12 ans. Lui qui vénère la soul des années 1970, les disques What’s Going on de Marvin Gaye, Inspiration Information de Shuggie Otis, mais aussi les cordes sur des albums folks de Nick Drake, s’autorise à faire venir en studio jusqu’à 16 violonistes sur des morceaux comme The Floating Parade, une chanson sur sa nouvelle paix intérieure : « Danger Mouse et Inflo m’ont emmené vers de nouveaux lieux artistiques, explique-t-il. Avant, je pensais que ma musique ne serait jamais aussi honnête qu’en jouant, seul, avec ma guitare. Je ne savais pas faire autrement, ils m’ont aidé à parvenir là où je suis. Maintenant que j’ai trouvé ma voie, un itinéraire et le processus pour y arriver, je reste avec eux. C’est comme si mon monde avant était en noir et blanc, et qu’ils m’avaient aidé à le colorier. »
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Source du contenu: www.lemonde.fr