« The Boys », saison 4, sur Prime : de la critique des super-héros à la satire politique

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PRIME – À LA DEMANDE – SÉRIE

L’un des hommes les plus puissants des Etats-Unis, incarnation corrompue du patriotisme, à la coiffure d’un blond invraisemblable, est traduit en justice, devant un tribunal de Manhattan. Sur le parvis de la cour, ses partisans et ses adversaires échangent insultes et projectiles. Pour celles et ceux qui entretenaient quelques doutes quant à la nature allégorique de The Boys, ces séquences du premier épisode de la quatrième saison démontrent la parfaite homothétie entre Homelander, le protecteur, le super-héros aux aspirations dictatoriales, et Donald Trump.

Lirela critique (2022) : Article réservé à nos abonnés « The Boys », saison 3, sur Amazon Prime Video : pour en finir avec les super-héros

Commencée en 2019, alors que ce dernier occupait encore le bureau Ovale, comme une déconstruction de la mythologie des super-héros, The Boys est devenue, au fil des saisons, une satire furieuse qui donne une image grotesque (mais, hélas, pas très éloignée de son modèle) de la vie publique des Etats-Unis. Pas difficile, par exemple, de reconnaître la représentante Marjorie Taylor Green dans le personnage de Firecracker (Valorie Curry), super-héroïne aux pouvoirs dérisoires, influenceuse prompte à répandre les théories les plus absurdes.

Peu à peu, la satire politique est devenue la colonne vertébrale de The Boys. Les premières saisons, en révélant (attention, ceux qui ne les ont pas vues s’exposent à une révélation inopportune) que les pouvoirs de Homelander et de ses collègues sont le résultat des expérimentations d’une multinationale, sont venues à bout de la mystique qui entoure les personnages créés par DC ou Marvel. Il s’agit maintenant de démonter la confusion entre spectacle et politique, la collusion entre industrie et pouvoir. Ce qui n’empêche pas la série de rester fidèle à sa tradition de provocation. Les fins auxquelles Splinter (Rob Benedict), doué de la faculté de reproduire son corps à l’infini, consacre ce pouvoir vaudraient à la série une interdiction aux moins de 16 ans, si elle était projetée en salle.

Dimension mélodramatique

Enfin, Eric Kripke, le showrunneur de cette adaptation d’une série de comics fameux, n’oublie pas qu’il lui incombe aussi d’accomplir le destin de chacun de ses personnages. Promis à une fin prochaine, Butcher (Karl Urban), le fondateur de The Boys, unité de lutte contre les « supes », hésite entre la rédemption et le chaos, pendant qu’Annie January (Erin Moriarty) se résout, la mort dans l’âme, à assumer son statut de super-héroïne afin de venir à bout de l’envahissement de la vie publique par ses congénères. Cette dimension mélodramatique n’est pas la moins attachante de la série, d’autant qu’elle est portée par des acteurs qui maîtrisent désormais la fusion de l’alliage de cabotinage et d’intensité nécessaire pour emporter la conviction.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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