Il n’y a sans doute pas de meilleure catharsis pour les gens de gauche que le nouveau spectacle de Waly Dia. Pendant une heure trente, l’humoriste livre avec habileté et énergie son regard sur les absurdités et les sujets clivants de notre époque.
Encore plus politique et rebelle qu’a son habitude, le chroniqueur remarqué de l’émission de Charline Vanhoenacker sur France Inter s’en donne à cœur joie dans la critique, pêle-mêle, du macronisme, des élites, des policiers recrutés avec seulement 7/20 aux concours, des racistes qui ont micro ouvert, et passe en revue les nombreux mécontentements. Le public, comme épaté par son sens aigu de la repartie, lui réserve, à maintes reprises, des salves de rires et d’applaudissements.
A l’affiche du Théâtre de l’Œuvre à Paris jusqu’en avril, son spectacle, qui sera également en tournée, affiche complet. Quatre dates ont été ajoutées en juin au Théâtre de la Madeleine et une, le 8 février 2025, dans la nouvelle enceinte de huit mille places de l’Adidas Arena.
On n’arrête plus Waly Dia, porté par le succès de son précédent show, « Ensemble ou rien », et de ses billets humoristiques sur la radio publique dans lesquels, avec ironie et malice, il fait son miel de l’actualité. Il ne faut pas se fier au visage calme qu’il exhibe sur ses affiches, mais plutôt aux petites phrases tatouées sur sa peau et qui lui ont valu une interdiction d’affichage dans les couloirs de la RATP.
Implacables punchlines
Waly Dia manie avec précision l’humour politique, exercice peu répandu tant il est périlleux. A l’inverse d’un Gaspard Proust, adepte d’un humour noir désabusé, le stand-upeur d’origine franco-sénégalaise garde un allant dans l’engagement contre les dérives du capitalisme et une dose de révolte face aux inégalités et discriminations.
Après plusieurs mois de rodage en « freestyle », comme il a coutume de travailler – peu de texte écrit, juste quelques thèmes et une apostrophe aux spectateurs pour qu’ils donnent les sujets qui les préoccupent –, Waly Dia a écouté son public et est parvenu à un constat : « Il faut qu’on arrête de s’énerver par corps de métier et que les manifestations rassemblent tout le monde. » Ainsi est né « Une heure à tuer », titre réducteur tant on ne voit pas le temps passer, à écouter les implacables punchlines de cet humoriste qui, à trois mois près, a l’âge de Gabriel Attal.
Le macronisme en prend pour son grade. Entre un président au libéralisme décomplexé, des services publics abandonnés « qui finiront privatisés comme les autoroutes » et un gouvernement où « les mises en examen ne sont plus un accident de parcours mais un rite de passage », Waly Dia lâche, taquin : « Je veux que vous sortiez énervés du spectacle. »
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