Cette fois, c’est la bonne, en tout cas selon le groupe EDF, qui mise beaucoup sur 2024. Une année cruciale : s’il veut se projeter dans les décennies à venir, l’unique exploitant du parc nucléaire français a d’abord deux rendez-vous à honorer, dans les mois à venir. Un chantier à finir, un autre à préparer, les deux dans la même région, en Normandie.
A la centrale de Flamanville (Manche), où deux réacteurs fonctionnent déjà, le premier réacteur de troisième génération dans le pays se fait toujours attendre. Le désormais fameux EPR (pour « evolutionary power reactor ») doit finalement entrer en service avec douze ans de retard sur le calendrier initial. Comme d’autres avant lui, le nouveau premier ministre, Gabriel Attal, fait montre d’optimisme. « Cette année, l’EPR de Flamanville sera opérationnel », a-t-il promis, le 30 janvier, dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. EDF prévoit pour mars le chargement du combustible, l’uranium enrichi. La connexion de « Flamanville 3 » au réseau électrique est annoncée, elle, pour la mi-2024. Sans plus de précisions.
Pour le fonctionnement à pleine puissance (plus de 1 600 mégawatts), il faudra encore attendre jusqu’à la fin de l’année. En théorie, du moins. Car la pratique a souvent contraint le maître d’ouvrage à « ajuster le calendrier » – la dernière annonce de report date de décembre 2022. Jusqu’à présent, sur les cinquante-six réacteurs déjà opérationnels en France, la mise en service la plus récente remonte à 1999. Déjà un quart de siècle d’existence, pour la deuxième unité de la centrale de Civaux (Vienne).
De retard en retard, les coûts de construction pour l’EPR de Flamanville ont quadruplé par rapport à la pose du premier béton, il y a plus de seize ans, en décembre 2007. EDF s’attend maintenant à 13,2 milliards d’euros. Sachant que l’ardoise totale dépassera plutôt – au moins – les 19 milliards d’euros, selon un rapport de la Cour des comptes en 2020. Il faut en effet ajouter des coûts complémentaires, comme les frais financiers.
Travaux préparatoires
Contactée, l’entreprise ne détaille pas le coût actualisé de ce projet, qu’elle finance sur fonds propres. Pas davantage qu’elle ne livre de précisions sur le calendrier. Celui-ci s’annonce toujours « très tendu », mais « possible » à tenir, a déclaré Bernard Doroszczuk, président de l’Autorité de sûreté nucléaire, fin janvier. Avant d’autoriser toute mise en service, son organisme attend encore les « derniers éléments » de la part d’EDF, sur la « préparation globale du site pour fonctionner » et sur « quelques points » concernant l’« attestation de conformité de certains équipements sous pression ».
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