Depuis plusieurs années, des pays comme le Togo ou le Bénin ont suspendu ou interdit la transhumance bovine transfrontalière pour des raisons de sécurité, le vol de bétails étant vu comme une des sources de financement du terrorisme au Sahel. Mais la Côte d’Ivoire ou le Ghana laissent encore les pastoralistes venus du Sahel traverser leur pays à pied, ce qui fait débat au sein de la société.
De notre correspondante au Ghana,
C’est le jour du marché bovin à Gunayili, à environ 600 km de la capitale ghanéenne, Accra. Comme chaque jeudi, plus de mille bœufs et vaches arrivent de tout le Ghana, mais aussi des pays du Sahel, après un voyage en camion pour certains troupeaux, ou à pied, c’est-à-dire par transhumance, pour d’autres.
Une vache est sur le point d’être vendue. Un Burkinabè négocie son prix. Dans ce marché, il est l’intermédiaire entre les vendeurs de bétails venus du Burkina Faso et les acheteurs ghanéens. Selon lui, interdire la transhumance condamnerait les éleveurs burkinabè.
« Quand la pluie arrive, les animaux viennent ici, ils ont de quoi paître. Après, les pastoralistes transhumants retournent au Burkina Faso. S’ils ne viennent plus au Ghana, ils ne pourront pas survivre au Burkina, parce qu’il n’y a pas de quoi manger là-bas », assure-t-il.
Une charge pour les habitants
Mais, sur le marché, beaucoup de Ghanéens se plaignent de l’arrivée, toujours plus nombreuse, de transhumants dans le nord du pays. Certains s’y installent pour fuir les violences au Sahel. Les terres de pâturage deviennent plus rares.
Résultat, pour Alhaji Iddrisu, chef du marché Gunayili, l’arrivée de ces nouveaux transhumants est devenue une charge. « Si les pastoralistes n’entrent plus au Ghana, cela ne nous posera aucun problème. Il n’y aura aucun impact négatif sur nous. Ils sont déjà nombreux ici », lâche-t-il sous un apatam, au cœur du parc de bétails.
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Réglementer plutôt qu’interdire
Ce n’est pas l’avis de Sheikh Issa Amartey, secrétaire général de l’Association des éleveurs et des commerçants du pays. Sur le marché de Tulaku, au sud du Ghana, près d’Accra, il assure que stopper la transhumance n’est pas la bonne solution : « Si vous les arrêtez, vous ne pouvez pas les empêcher de se déplacer la nuit et s’ils se déplacent la nuit, ils endommageront les cultures. Nous n’avons pas besoin de les arrêter. Trouvons plutôt un moyen de les réglementer. »
Il ajoute : « Le Togo et le Bénin prétendent avoir arrêté la transhumance, mais je peux vous dire que nous recevons des animaux du Togo au Ghana. D’où viennent-ils ? » Les pastoralistes, quant à eux, se plaignent des taxes trop élevées sur les corridors de transhumances. Certains évitent donc volontairement ces voies qui ne suffisent plus face au nombre croissant de transhumants au Ghana.
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