Au Ghana, la nouvelle campagne de cacao devrait débuter cette semaine alors que la dernière a accusé une baisse de la production à hauteur de 55%. Une mauvaise récolte causée par le changement climatique, les mines d’or illégales ou les épidémies qui ravagent les cultures. Et les premiers à en souffrir, ce sont les producteurs.
Comme chaque matin, Akwasi Ampafo fait le tour de son exploitation de six hectares, dans la commune de Juaben. « Cette terre s’appelle Aman Paman et j’y suis très heureux ». À 66 ans passé, dont 20 en tant que producteur de Cacao, Akwasi Ampafo a aujourd’hui du mal à subvenir à ses besoins. « C’est plus compliqué de cultiver du cacao aujourd’hui, explique-t-il, le climat a changé : les pluies ne sont plus les mêmes, les jours de soleil non plus. Ça demande beaucoup plus d’attention. »
Cabosses frappées par les maladies
Autre problème : le prix des produits de traitements et désherbages augmente dans un Ghana en crise économique où l’inflation dépasse encore les 20%. Il est devenu compliqué de lutter contre les maladies qui, à l’image du virus de l’œdème du cacaoyer, attaquent les cultures partout dans le pays.
Un constat partagé par son voisin, Emmanuel Akweni, également producteur de cacao, une cabosse infectée dans la main. « Il y a des points noirs dessus, ça veut dire qu’elle a été attaquée par des insectes ».
Emmanuel Akweni voit donc sa production baisser tous les ans et ce n’est pas la hausse du prix du sac fixé par le régulateur du cacao ghanéen – 2 000 cedis les 64 kg pour cette saison – qui va réellement changer sa situation : « On veut plus, un sac à 3 000, 3 500 cedis. Avec le prix actuel, pour survivre, je suis obligé d’emprunter à la banque ou à mes proches. » Pourtant, ni lui ni Akwasi Ampafo ne comptent vendre leurs exploitations ; seules terres qu’ils possèdent. Pas question, par contre, que leurs enfants se lancent à leur tour dans le cacao.
Caoutchouc et or supplantent le cacao
Un problème de transmission généralisé, ici, au Ghana, et qui risque de mettre à mal les productions futures. C’est en tout cas ce que pense Richmond Frimpong, journaliste spécialisé en agriculture basé dans la ville de Kumasi : « Personne, aucun jeune surtout, ne souhaite se lancer dans la production de cacao. Déjà parce que la majorité des jeunes ne disposent pas de fonds pour obtenir une terre à cultiver. Ensuite parce que le secteur du cacao ne promet pas de meilleures conditions de vie. »
La solution selon lui : des avantages fiscaux pour les produits de traitements et les engrais, investir dans la ruralité en construisant des routes et empêcher par la loi de couper des cacaoyers. « Quand vous allez dans la région orientale et dans certaines parties de la région occidentale, estime Richmond Frimpong, certains producteurs de cacaos ont cédé leurs terres à des investisseurs dans le caoutchouc et à des galamsayeurs parce qu’ils ont immédiatement besoin d’argent. » 19 000 hectares : c’est la superficie de cacaoyers détruits par les mines d’or illégales en 2022. Un fléau difficile à endiguer alors que le régulateur du cacao a annoncé espérer un rebond de la production pour la prochaine saison.
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