En Côte d’Ivoire, plusieurs start-up sont apparues en janvier dernier pour accueillir les touristes à l’occasion de la CAN, la Coupe d’Afrique des nations. Six mois plus tard, quelques-unes ont su se maintenir à flot, et elles tentent de se faire une place sur ces marchés ultra-compétitifs face aux multinationales Uber et Airbnb. C’est le cas de Camansa et de Go’Babi.
L’offre hôtelière ne manque pas à Abidjan : le marché est partagé entre Airbnb, pour les logements entiers, et Booking, réservé aux hôtels. Mais ces deux sites ont pour inconvénient de proposer très peu d’offres hors de la capitale économique, où la recherche de logements se fait généralement par le bouche-à-oreille. « Nous avons mis des équipes un peu partout dans le pays pour enregistrer ces différentes offres-là, explique Yann Akoun, l’un des fondateurs de la plateforme ivoirienne Camansa, qui entend pallier ce manque. Et on est parti dans des coins reculés. On parle de Korhogo, on parle de Man, on parle de Gagnoa, on parle de Tiassalé, ce genre d’endroits, où ce n’est pas vraiment simple de trouver des offres sur Airbnb. »
Solution pour les villes régionales
Autre inconvénient d’Airbnb auquel se heurtent ses utilisateurs ivoiriens : l’absence de choix dans les moyens de paiement. « Peu de personnes utilisent la carte bancaire en Côte d’Ivoire, observe Yann Akoun. Donc les gens utilisent beaucoup le “mobile money”, ils utilisent aussi le cash. Ça, c’est le premier obstacle. Le second obstacle, c’est que les gens ne connaissent pas forcément et n’utilisent pas beaucoup l’outil informatique. Et généralement, ce qu’on fait, c’est aller parler aux hôteliers qui n’ont pas vraiment la connaissance de ces outils informatiques. On arrive à leur montrer que cette plateforme-là peut rapporter du business. »
La petite taille de Camansa, qui ne compte encore que 350 clients, permet d’offrir un accompagnement personnalisé et fait à la fois sa faiblesse et sa force.
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C’est aussi le cas de Go Babi qui s’inscrit dans un tout autre domaine d’activité, celui du transport urbain. L’application ivoirienne doit faire face à deux géants des VTC : l’Américain Uber et le Russe Yango. Sa stratégie pour se démarquer ? Des tarifs plus bas et sans majoration, grâce à une marge plus faible. « Quand on vient sur un marché compétitif comme ça, il faut forcément faire des concessions, remarque Yves Pacôme Djoman, responsable d’exploitation à Dayasam, la société propriétaire de Go Babi. La plupart des reproches que les gens font à Uber et Yango, c’est au niveau des tarifs. Les prix augmentent en période de haute demande, tôt le matin ou à la descente le soir, ou quand il pleut. Donc justement, Go Babi vient se positionner sur ce secteur-là pour apporter les tarifs compétitifs qui arrangent les chauffeurs et les clients. »
Difficulté de passer à l’échelle
Mais la flotte de Go Babi ne compte qu’une trentaine de véhicules et pour les clients, le temps d’attente s’en ressent. « Les plaintes qui nous reviennent, c’est : “Vos prix sont bons, mais il n’y a pas assez de véhicules“, reconnaît Yves Pacôme Djoman. Les temps d’attente sont très longs, donc les usagers ont tendance à rapidement retourner chez les concurrents, parce que là-bas, le véhicule va venir beaucoup plus vite… »
Depuis quelques années, l’écosystème des start-up ivoiriennes est en pleine croissance. Le montant capté par celles-ci est passé de 1,8 million d’euros en 2019 à 30,2 millions d’euros en 2022.
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