Crise du Covid, changement climatique, conflits… Le continent africain est touché par de multiples facteurs qui impactent sa sécurité alimentaire. La question du stockage des céréales et autres denrées alimentaires est donc centrale, mais encore très imparfaite. Pourtant, le développement d’entrepôts et d’infrastructures de stockage adaptés peut avoir par ricochet — en plus d’assurer la bonne conservation des produits – des impacts importants sur les économies.
Avec son plan de développement de lieux de stockage, la Côte d’Ivoire a fait les comptes, explique Justin N’Goran Koffi, le directeur général de l’Autorité de Régulation des Récépissés d’Entreposage.
« Ca va développer un tissu industriel local. Vous prenez l’exemple, d’un entrepôt de 1000 m² c’est 150 emplois directs, c’est 450 emplois indirects. C’est un véritable parc industriel. Ne serait-ce qu’un seul entrepôt, ça change la vie des populations », soutient le DG.
Dans ce domaine, le Sénégal est également sur les rangs. Développer l’activité dans le centre économique, mais également en régions. « Le Sénégal a érigé le marché de Diamniadio pour centraliser tout ce qui est stockage. Ce qui gangrenait jusque-là la productivité du Sénégal, c’est la période post-récolte, analyse Djibril Diop inspecteur à la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal et témoigne de la politique en cours. Donc Diamniadio est le centre, mais au niveau des agro-pôles qui sont en train d’être érigées, on est en train d’ériger des infrastructures au niveau des départements, au niveau des régions pour un quadrillage national. Et ça permettra aux actifs du secteur primaire de prendre leur vraie place dans le développement économique. »
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Suivi des travailleurs indépendants
Un développement d’autant plus important dans des pays qui manquent encore d’infrastructures, souligne Mireille Mogena qui fait du conseil au Tchad. « C’est une zone sahélienne, on produit beaucoup, malheureusement, on n’a pas de lieu de stockage, on a une vraie problématique là-dessus, constate-t-elle. Il faut pouvoir trouver des lieux pour justement les installer au plus près de la population. Parce que malheureusement les infrastructures ne nous permettent pas de faire des grandes distances. » L’objectif essentiel pour elle, dynamiser ce secteur agricole qui peine à se développer à l’export, mais surtout localement.
En Côte d’Ivoire, le développement des entrepôts s’accompagne d’un système de récépissés et donc de traçabilité qui peut avoir des impacts importants et parfois inattendus. « Aujourd’hui, nous avons développé la couverture maladie universelle en Côte d’Ivoire par exemple. Le paysan qui n’a pas de salaire à partir d’un récépissé d’entrepôt, il peut être traçable, met en avant Justin N’Goran Koffi. Vous avez la Caisse nationale de prévoyance sociale qui a lancé la retraite des travailleurs indépendants. Mais comment on fait pour prélever tout ça ? Dans l’organisation, l’écosystème que l’on va mettre en place autour du système d’entreposage, ça permettra aux paysans d’avoir accès à des financements. Ils sont visibles. » Les systèmes de stockages locaux et de récépissés peuvent également encourager la transformation dans de petites unités locales grâce à la disponibilité des matières et des facilités de crédits.
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