À Mahdia, ville côtière située à environ 200 kilomètres de la capitale Tunis, a commencé l’aventure Skila, une marque tunisienne qui commercialise des écharpes de soie faites main. L’entreprise, pilotée par Hassine Labaied, le créateur de la marque, plaide pour une révolution du « made in Tunisia » et pour faire évoluer l’image de l’artisanat tunisien.
De notre envoyée spéciale à Mahdia,
Vendredi, jour de grande prière et de marché. C’est dans les ruelles de Mahdia qu’il aime tant que Hassine Labaied donne rendez-vous. « On est au cœur de Mahdia, pointe-t-il. Mahdia a toujours été connue comme la capitale de la soie, il y a tout un savoir-faire qui est venu de l’Orient, du Yémen, de l’Irak, de la Syrie. »
Contrairement aux apparences, Hassine Labaied n’est pas guide touristique, mais entrepreneur, ancien banquier d’affaires et fondateur de la marque Skila. À Skila Lab et Skila Gallery, le visiteur se retrouve devant un métier à tisser. « Parfois, pour un petit peu taquiner les visiteurs, on leur dit : “Ça, ce n’est pas du fait main, non, c’est du fait main et fait pied“ », plaisante-t-il.
Trente mille écharpes sortent de ces ateliers chaque année. Une dizaine d’heures de travail et jusqu’à neuf kilomètres de soie sont nécessaires pour fabriquer une écharpe. « Les nuances, le nombre de couleurs est illimité », détaille encore Hassine Labaied. La quinzaine d’artisans qu’il emploie ne chôment pas.
« Le modèle Macron »
En 2018, en voyage officiel en Tunisie, le président français Emmanuel Macron s’affiche avec une écharpe de chez Skila. Une aubaine inattendue pour la marque tunisienne. « Il a fait pas mal de réunions en portant cette écharpe-là et tout le monde faisait des selfies. Cela nous a fait évidemment beaucoup de pub, se réjouit-il. L’anecdote, c’est que juste après, on était envahis par les touristes chinois qui venaient à la boutique et à l’entrée, ils disaient : “Il est où le modèle Macron ?” Et ils achetaient le même modèle en série. »
Avec des clients à Dubaï, aux États-Unis ou encore au Japon, Skila veut montrer que le « made in Tunisia » peut se faire une place dans le monde du luxe. Cependant, s’imposer sur ce secteur n’est pas simple. « Cela prend du temps parce qu’on est perçu comme un pays de sous-traitance : textile, mécanique, industrielle… Où la valeur ajoutée malheureusement n’est que dans la main d’œuvre compétitive », témoigne le fondateur de Skila. Mais il ne désespère pas : « On est en train de percer petit à petit, ça prend du temps, on n’est pas pressés. »
Aujourd’hui, 85% des écharpes fabriquées dans les ateliers de Skila sont vendues en Tunisie. Sept ans après son lancement et pour accélérer sa croissance à l’international, l’entreprise née à Mahdia travaille sur l’ouverture d’une toute première boutique à Paris.
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