Insécurité, vols de bétail, attaques par des groupes armés ou arrestations par les forces de l’ordre, les transhumants et les commerçants de bovins au Sahel sont confrontés à de nombreux dangers.
De notre envoyée spéciale au Ghana,
Le marché de Tulaku, à Accra, est le plus grand marché de vente de bovins du Ghana. Y sont exposés plusieurs milliers de bœufs et de vaches. « La route pour aller au Burkina Faso est devenue très dangereuse à cause des problèmes sécuritaires », explique cet homme, venu du pays sahélien. Il est arrivé par camion avec ses bêtes. Il en a déjà vendu cinq en cette fin de journée. Mais venir du Burkina Faso, c’est s’exposer à beaucoup de dangers. « Nous devons faire face et à la méfiance des forces de sécurité, et aux terroristes. Donc c’est un vrai problème pour se déplacer », ajoute-t-il.
Issaka, lui, doit désormais passer par le Togo pour aller au Burkina Faso. Pire encore : il y a deux ans, il s’est fait attaquer au Burkina Faso. « Des hommes armés m’ont volé 9 millions de francs CFA. Et après ce forfait, je n’avais plus rien sur moi. Donc j’ai dû vivre à crédit depuis lors. Je vais et je reviens, et j’ai des dettes », se plaint-il.
Ce Burkinabè fait partie des quelques commerçants qui se rendent encore dans leur pays. Il fait tout cela pour aider sa famille restée dans le pays, qui n’a elle-même plus de bétail et qui a été déplacée en grande partie dans un camp de réfugiés.
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Changement de voies d’approvisionnement
D’autres commerçants refusent ce périple trop dangereux. Mahmoud Diallo, lui aussi Burkinabè et installé à Accra depuis plusieurs années, ne va plus au Sahel. Il a trouvé d’autres alternatives. « Il y a des terroristes qui barrent souvent la route, ils prennent tous les animaux pour partir avec. Avant, on achetait les bœufs au Burkina, et on les amenait ici. Mais maintenant, à cause de l’insécurité, on ne peut plus acheter. C’est pour ça qu’on va au Togo ou au Bénin, et que l’on ramène les bêtes ici », détaille Mahmoud Diallo.
Dans un marché du nord du Ghana, à Gunayili, nous rencontrons un autre commerçant de bétail, venu lui aussi du Burkina Faso, mais installé depuis longtemps au Ghana. « De plus en plus de personnes vont jusqu’à immigrer au Ghana, avec du bétail ou même sans bétail, car ils fuient les violences et veulent sauver leur vie. Les gens fuient là où ils se sentent en sécurité », témoigne-t-il.
Au Ghana, tous les commerçants de bétail que nous avons rencontrés, transhumants ou non, espèrent ardemment la paix au Sahel.
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