Afrique économie – Ghana: le Cocobod renonce au pool de banques pour financer la campagne cacao

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Le Cocobod, l’organisme d’État ghanéen qui gère la filière cacao, vient d’annoncer qu’il renonçait au prêt unique avec un consortium de banques, souscrit chaque année depuis plus de trente ans. Comment le Ghana va-t-il financer sa prochaine campagne cacaoyère, avancée au 1er septembre prochain ?

Emprunter tous les ans près d’un milliard et demi de dollars à un seul pool de banques pour acheter les semences, les engrais, puis le cacao aux planteurs ghanéens, cela facilitait grandement les choses au Cocobod. « Le Cocobod n’avait pas à négocier avec 15 ou 20 banques, rappelle Jean-François Lambert, ancien banquier et consultant en financement de matières premières. Il avait une négociation avec un chef de pool, avec lequel il pouvait se mettre d’accord sur un prix et sur un gros volume financier. Et le chef de pool répartissait, avait des agréments avec les autres banques. C’était beaucoup plus facile de négocier. »

Mais après la récolte catastrophique de 2023-2024 au Ghana, l’accord avec le pool bancaire, déjà laborieux l’an dernier, n’a pas été possible. « Sur quoi pourrait-il y avoir un accord ? Le point-clé, c’est le niveau de production, souligne le consultant. Parce que si j’emprunte 100 et qu’en fait, ma production me permet seulement de rembourser 80, qu’est-ce qui se passe ? Ce type de questions, on ne se les posait pas, il y a deux ans. On se les pose maintenant. Donc plus de prudence, moins d’argent. »

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Le Cocobod devra solliciter les négociants

Les partenaires commerciaux et financiers du Cocobod ne croient plus au rebond de production de 40% promis par le Cocobod en 2024-2025. La crise du cacao est trop profonde au Ghana. « Toute la filière est désorganisée, observe l’agronome François Ruf. Les intrants, par exemple l’engrais dont les planteurs ont absolument besoin maintenant, sont chers et de mauvaise qualité. On commence à avoir des doutes sur l’aptitude du matériel végétal cacaoyer hybride produit par la recherche ghanéenne, dans les conditions actuelles, où l’on a un changement climatique, où l’on n’a pas d’engrais, où l’on a des terres dégradées. »

Le contexte monétaire, avec un cédi qui se déprécie en permanence, n’est pas non plus favorable au cacao. « Pour le producteur de cacao au Ghana, puisque son prix est fixé par le Cocobod deux fois par an, ça veut dire que son prix du cacao se déprécie en permanence, souligne François Ruf. Donc ces producteurs s’éloignent du cacao. Les difficultés du Ghana, et du cacao en particulier, sont structurelles. Et les banquiers doivent le savoir », conclut-il.

Le Cocobod dit pouvoir financer la campagne cacaoyère localement, au Ghana. Fuite en avant ou coup de bluff destiné aux dernières banques étrangères avec lesquelles il est en négociation bilatérale ? Quoi qu’il en soit, estime un trader, le Cocobod devra forcément solliciter les négociants, à qui il doit plus de 300 000 tonnes de fèves, pour obtenir un financement.

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Source du contenu: www.rfi.fr

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