Le Maroc connaît sa sixième année de sécheresse consécutive. La chaleur affecte aussi directement l’agriculture et l’élevage. Les récoltes de céréales subissent des pertes de près de 44%. Alors les professionnels et l’État tentent de s’adapter.
Omar Oualaidi, producteur d’oliviers, de céréales et de maraîchages a été obligé de modifier sa production pour s’adapter à la sécheresse. Il y a trois ans, l’agriculteur est passé des pastèques et des melons à la culture de pomme de terre, bien moins consommatrice en eau. « Ces dernières années, nous faisons face à des problèmes d’eau. L’année dernière, nous n’avons pas eu une goutte de pluie de février jusqu’à mai alors que c’est une période cruciale pour le maraichage, raconte l’agriculteur de 47 ans, mon seul puit était quasiment vide, j’en ai donc fait creuser un deuxième, mais il était vide aussi. J’ai investi pour rien ! Heureusement, fin mai, nous avons eu quelques pluies qui nous ont sauvés sinon on aurait tout perdu. »
Quinoa et pistachiers pour limiter les impacts
Dans l’est, la région de Draa-Tafilalet est l’une des plus touchées par la sécheresse. Abdellah Mostapha est ingénieur agronome et chef de division du développement des filières agricoles au niveau de la région. Son rôle : accompagner l’adaptation à ce manque d’eau. « Dans le cadre des projets d’agriculture solidaire, on a essayé d’introduire certaines cultures qui s’adaptent à ces changements climatiques. Le quinoa, le moringa, le cactus, le pistachier. On essaye de les introduire pour limiter les impacts de ce déficit hydrique que connait la zone », explique-t-il. Le manque a aussi des conséquences pour les éleveurs du royaume.
Manque de fourrages pour les éleveurs
« On souffre beaucoup de ces difficultés climatiques. Ç’a surtout une répercussion sur les fourrages, on en a plus assez. Alors on a dû s’adapter et les changer, témoigne Mohamed Ayyad, éleveur à Errachidia, une ville de cette même région de Drâa-Tafilalet, aujourd’hui, je leur donne des déchets de dates broyés produits localement. Ça coûte moins cher, mais ç’a aussi une répercussion sur mon rendement. Avant, j’avais 300 têtes de brebis, je n’en ai plus que 150 ou 200. »
Les précipitations du début d’année ont évité l’assèchement des sols, mais à seulement 23% de leur capacité, les nappes phréatiques et les barrages sont encore à un niveau très bas, et la canicule des derniers jours ajoute encore un peu plus d’inquiétude dans l’esprit des agriculteurs et éleveurs du Royaume.
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