Jumia relève la tête. Après avoir perdu des centaines de millions de dollars ces dernières années, le leader de l’e-commerce en Afrique, présent dans onze pays du continent, enregistre désormais un chiffre d’affaires en hausse. Nouveau patron. Nouvelle stratégie. La réorientation sur certaines activités semble porter ses fruits.
« Revenir aux fondamentaux », dit-on parfois dans le sport de haut niveau, surtout quand on est mal en point. C’est la stratégie adoptée par Francis Dufay, aux manettes du groupe Jumia depuis bientôt deux ans. Moins de livraisons de restaurants, plan de départs et réduction des coûts de logistique pour se recentrer sur ce qui a fait le succès de Jumia, parfois surnommé l’Amazon africain… c’est-à-dire le commerce en ligne.
« Pendant très longtemps, on a copié-collé en Afrique l’e-commerce qu’on connaissait partout dans le monde avec les livraisons à domicile, explique Francis Dufay, PDG de Jumia, la réalité, c’est que nos clients sur le continent sont des clients qui n’ont pas beaucoup d’argent et qui sont très conscients du prix. »
C’est cette analyse qui a permis à Francis Dufay d’adapter la stratégie de Jumia : « Il est très important d’avoir une offre extrêmement accessible. Ça passe par les points relais où les clients viennent chercher leurs colis. Ça permet de réduire fortement les coûts. Ça coûte quelques dollars moins cher qu’une livraison à domicile, donc c’est un modèle de livraison qui nous convient très bien et qui est très adapté à nos marchés », explique le PDG de Jumia.
Stratégie payante
Avec ses points relais, exit le dernier kilomètre pour les livreurs Jumia. Une stratégie payante, selon Jean-Michel Huet, associé au sein du cabinet de conseil Bearing Point et spécialisé dans l’e-commerce : « Ce qui ne fonctionnait pas, c’est que ça a un véritable coût d’aller chercher ce dernier kilomètre, avec le risque de ne pas trouver la bonne adresse, donc en plus, il y a un risque d’insatisfaction du client. Passer aux points relais, ça a un effet d’économie de coût logistique. Et puis je pense que ça peut renforcer la confiance des clients dans l’utilisation de Jumia ».
Giga-entrepôt à Lagos
Autre changement chez Jumia, la centralisation des produits. Exemple à Lagos où, ces dernières semaines, la plate-forme logistique a été déménagée dans un grand entrepôt de 30 000 mètres carrés. « Ça nous permet d’être plus productifs et d’économiser de l’argent, poursuit Francis Dufay, ça nous donne une plate-forme sur laquelle on peut faire beaucoup de croissance. Avec ce nouvel entrepôt, on peut augmenter fortement les volumes, doubler, voire tripler l’activité au Nigeria. On peut aborder l’avenir sereinement parce qu’on sait qu’on aura la capacité de livrer un excellent service dans le pays ».
Les résultats financiers sont là. La perte de 8 millions de dollars sur le premier trimestre 2024 est loin des 28 millions sur la même période l’année dernière. Jumia n’est toujours pas rentable, mais renoue avec la croissance.
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