Au Ghana, le nombre croissant de transhumants de bétail venus du Sahel fait chuter le prix du bœuf dans le nord du pays. Dans le sud, à l’inverse, le bétail venu par camion se fait de plus en plus rare à cause des violences dans le Sahel. Tout cela fait varier les prix déjà volatils sur les marchés bovins.
Les négociations vont bon train sur le marché de Gunayili, près de la ville de Tamale, dans le nord du Ghana. Le bétail y est en abondance. Il y en a même trop, remarque Alhaji Iddrisu, chef du marché de Gunayili, construit il y a douze ans : « Avant, quand il n’y avait pas autant de bétail, les bouchers pouvaient abattre 100 bœufs par jour. Maintenant, à cause de l’affluence, ils peuvent en abattre 120 ou plus. »
Les vendeurs et les acheteurs regrettent l’époque où il y avait moins de bœufs sur le marché. En 2017, c’était encore simple de vendre ses bêtes, se souvient Alhaji Iddrisu. C’est après que les choses ont changé, quand le nombre de transhumants venus du Sahel a augmenté.
Les conséquences sont lourdes. Les prix ont chuté et il est de plus en plus difficile de vendre sa marchandise. Il n’y a qu’à regarder le marché du jour selon lui. « Certaines personnes ne pourront pas vendre leurs bœufs et reviendront donc chez elles sans avoir rien vendu. »
Interdiction de la transhumance
Tout comme la Côte d’Ivoire, le Ghana autorise encore la transhumance transfrontalière du bétail, c’est-à-dire le déplacement à pied des troupeaux de bœufs. Certains de ces transhumants, souvent des Peuls, fuient les violences liées au terrorisme et viennent s’installer au Ghana.
Plusieurs pays, comme le Togo ou le Bénin, ont suspendu ou interdit la transhumance pour lutter contre le vol de bétail qui servirait à financer le terrorisme. Le déplacement des troupeaux provoque aussi des conflits avec les agriculteurs quand les bœufs viennent se nourrir ou empiéter sur leurs plantations.
Dans le sud, les prix explosent
Au Ghana, tout le bétail n’est pas issu de la transhumance à pied. Certains bœufs arrivent en camion, surtout pour aller jusqu’au sud du pays. Habituellement, le grand marché de Tulaku, près d’Accra, reçoit quotidiennement six véhicules d’une quarantaine d’animaux.
Mais de moins en moins de bœufs arrivent par camion sur ce marché, note le secrétaire général de l’Association nationale des éleveurs et des commerçants du Ghana, Issah Amartey. « Les gens venant du nord, du Niger ou du Burkina par exemple, ont arrêté de venir pour des raisons de sécurité. Comme ils ne viennent plus, le prix du bétail a augmenté », observe-t-il. Résultat, les bouchers achètent la viande plus chère et en bout de chaîne, les consommateurs aussi.
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