Le Fonds d’innovation pour le Développement, lancé en 2020 et hébergé par l’AFD, a vu sa dotation renouvelée et augmentée le 8 février, passant de 15 à 25 millions annuel. Il est présidé par le prix Nobel de l’économie Esther Duflo spécialiste des questions de développement. Les projets soutenus sont choisis pour leurs impacts sociaux reconnus ou probables. Des projets qui sont peu porteurs pour les levées de fonds traditionnelles, notamment sur le continent africain.
Dans le domaine des fonds à impact en 2022, seuls 2% étaient destinés à l’Afrique subsaharienne, selon une enquête du Global impact investing network. Une difficulté qu’a bien ressenti l’Ivoirien Hugues Kouadio, qui développe un projet pour lutter contre le saturnisme. « Clairement, c’est un peu comme la question d’un bien public. Ça ne parle pas aux banques, c’est sûr, confirme-t-il. C’est beaucoup plus une question de politique publique au niveau des États, et donc forcément ce sont plus des fonds publics. Clairement, les banques ne vont pas financer ce genre de projet dans l’immédiat. »
Le Kényan Tom Osborn travaille sur la santé mentale des jeunes. Son expérience va dans le même sens. « Pour l’instant, dans le domaine de la santé mentale par exemple, nous ne disposons pas toujours de dossiers économiques très solides et viables pour du capital-risque plus traditionnel », détaille l’entrepreneur.
Esther Duflo est Prix Nobel de l’économie et présidente du Fonds d’investissement pour le développement. Le but du FID est bien de changer de paradigme : « C’est vraiment un fond qui vise à permettre à des tas d’acteurs nouveaux, que ce soit des ONG, des universités, des gouvernements, des laboratoires, de proposer de l’innovation sociale. Donc ce n’est pas de l’innovation pour faire du profit, c’est ça qui est vraiment très différent. »
Faire la différence dans la vie des gens
L’objectif final étant d’améliorer la qualité de vie des gens. « Toujours avec cet objectif de créer de la valeur sociale, pas de la valeur marchande, insiste Esther Duflo spécialiste des questions de développement. Mais comme il n’y a pas la rentabilité comme indicateur de réussite, ce qui la remplace, c’est l’impact. » Les décisions de financement du Fonds et ensuite l’évaluation qui suit est fondée de manière « vraiment très organique sur quelle est la différence que cela fait dans la vie des gens ». Une série d’indicateurs et d’évaluations ont été mis en place pour ce faire.
Présent pour signer un nouvel accord de financement, le directeur général du Trésor français reconnaît aimer l’innovation « lorsqu’on est sûr qu’elle va réussir ». Une vision paradoxale que l’économiste spécialiste du développement bat en brèche.
« Pour nous, quand un projet particulier ne réussit pas, ce n’est pas en tant que tel un échec », met en avant le prix Nobel. Ce qui compte est d’avoir pu tester une bonne idée a priori. « Ça ne marche pas, tant pis, on passe à la chose suivante. Si ça marche par contre d’avoir cette évaluation rigoureuse que le projet a fait une vraie différence dans la vie des gens, ça permet de le passer à l’échelle », met-elle encore en avant.
Soixante-six projets ont déjà reçu des soutiens du FID. Qu’ils soient en phase de test pour permettre de prouver l’efficacité de l’innovation ou en phase de développement et de mise à l’échelle. 90% d’entre eux se trouvent sur le continent africain.
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