Avec leurs 3,20 mètres d’envergure, on peut les voir sillonner le ciel malgache. Ce sont des drones cargos, conçus sur la Grande Île depuis 2019 par une start-up, la seule à proposer un service de livraison avec les drones qu’elle fabrique. La jeune société et sa soixantaine de salariés ont réussi à lever 3 millions d’euros l’an dernier auprès d’un fonds d’impact basé en France. Une aventure humaine et technologique dans un secteur aussi innovant qu’incertain.
De notre correspondante à Antananarivo,
Le dernier drone d’AerialMetric est solidement harnaché sur le banc d’essai. Les équipes de calibration et de recherche et développement simulent un décollage en conditions réelles. Objectif : vérifier le comportement des quatre moteurs, poussés à leur vitesse maximale de 110 km/h. Le test fini, les ingénieurs viennent récolter les premières données physiques. « Moteurs avant D et A, température : 80°C. Ce n’est pas normal, il faut qu’on vérifie ça », alerte l’un d’eux.
Jusqu’à 10 kg de charge transportable (ou 12 litres), une autonomie de plus 200 km, ce petit bijou de technologie à plus de 90 000 euros pièce a été conçu dans ce hangar tananarivien. « On importe les ailes, le corps du drone, le fuselage, la dérive, l’aile centrale », explique, tournevis en main, Zo Rakotoarisoa, le tout premier salarié de la start-up, assis devant une table de montage. « Pour le reste, c’est nous qui fabriquons tout à l’intérieur du drone, comme l’ordinateur de bord, par exemple. On adapte aussi le drone à la demande des clients. Parfois, ils veulent transporter plus de poids ou augmenter la vitesse. En ce moment, on tente une amélioration du système de largage », décrit-il. Une imprimante 3D est en train de fabriquer la pièce manquante, pendant qu’au département électronique, on vérifie le câble du moteur, soumis à des températures trop élevées.
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Un drone à l’épreuve de la géographie malgache
L’objectif de la start-up, à terme, est d’être totalement autonome pour produire ses drones. Un vrai défi dans un secteur de technologie de pointe très concurrentiel. « C’est une course à la précision, sur l’autonomie de vol, sur la capacité d’emport [capacité de charge d’un avion, NDLR], surtout dans le domaine de la cargaison par drone, expose Thomas Clochard, directeur technique adjoint. Il faut être le meilleur. »
Une agilité permanente à laquelle s’astreint la start-up, favorisée, il est vrai, par la législation aéronautique encore souple à Madagascar, qui lui a permis de réaliser des milliers de vols. « Nous avons sur une même île, des zones désertiques, très humides, des chaleurs très élevées, un relief avec des montagnes, des vallées, qui se suivent avec peu d’intervalles, poursuit Thomas Clochard. C’est vraiment quelque chose qui soumet le drone à des conditions de vol très extrêmes. C’est pour ça que nous avons réussi à développer un drone tout terrain. » Une expertise désormais reconnue à l’international et qui laisse présager un bel avenir au drone cargo malagasy.
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